En route pour une insécurité alimentaire mondiale

 En route pour une insécurité alimentaire mondiale

Illustration – Le 15 mars 2022, la Russie a décidé de limiter ses exportations de blé. Selon l’ONU, si la guerre en Ukraine dure, le monde pourrait compter jusqu’à 13 millions de personnes sous-alimentées supplémentaires. Myriam Tirler / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

La guerre en Ukraine fait craindre une insécurité alimentaire accrue. Une course mondiale effrénée aux grains est lancée.

 

Moscou commence à couper le robinet du blé. La Russie va limiter ses exportations vers les anciennes Républiques soviétiques, au moins jusqu’en juin.

Hier, le 15 mars, le Kremlin a expliqué avoir pris cette décision « pour protéger le marché alimentaire intérieur face aux restrictions extérieures ». Et cela risque de tendre encore plus un marché, déjà très inflationniste, crispé par les mauvaises récoltes de l’année dernière et privé des exportations de l’Ukraine… et qui craint une coupure totale des exportations russes.

La FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, a alerté sur les risques de pénurie et de famine au niveau mondial que pourrait provoquer la guerre en Ukraine. Et selon la directrice générale du FMI Kristalina Georgiev, « la guerre en Ukraine signifie la faim en Afrique ».

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Impossible de se nourrir

L’Ukraine et la Russie représentent un tiers des exportations mondiales de blé. Depuis le début de la guerre, Kiev ne vend plus. Et Moscou menace régulièrement de ne plus exporter ces grains. Le blé est devenu une arme redoutable. Si l’offre plonge, le prix du blé, déjà à 420 dollars la tonne, va flamber. Il sera alors impossible pour les pays les plus fragiles, de s’approvisionner et de se nourrir. Cela concerne notamment l’Afrique du Nord. Surtout l’Egypte, où 85% des grains viennent d’Ukraine et de Russie.

Pour éviter une déstabilisation généralisée, Washington réfléchit à des aides vers ces pays. Une solution d’urgence, aux effets limités tant les alternatives manquent. Selon les Nations unies, si la guerre en Ukraine dure, le monde pourrait compter jusqu’à 13 millions de personnes sous-alimentées supplémentaires.

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Chloé Juhel