La Banque mondiale revoit à la baisse ses prévisions de croissance pour la Tunisie

 La Banque mondiale revoit à la baisse ses prévisions de croissance pour la Tunisie

La Banque mondiale a précisé que le taux de croissance prévu en Tunisie pour l’année 2025 devrait finalement n’atteindre que 1,9 %, soit une correction non négligeable de 0,3% de croissance. Selon les données rendues publiques dans un rapport en cette dernière semaine du mois d’avril 2025, la croissance enregistrée en 2024 s’établit par ailleurs à 1,4 %. Quels facteurs peuvent-ils expliquer cette dégradation ?

Si ce chiffre devrait ainsi connaître une hausse en 2025 pour atteindre 1,9 %, le PIB de la Tunisie devrait cependant baisser de 0,3 point en 2026 selon la même source, pour s’établir à 1,6 %. Il est à noter que ces prévisions placent la Tunisie au troisième rang des pays ayant les taux de croissance les plus faibles de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). C’est l’Iran qui occupe la première place avec une croissance de 0,6 % en partie à cause du climat géopolitique de cette région du monde, suivi de l’Irak avec seulement 1,3 %. Pour l’ensemble de la région MENA, la Banque mondiale prévoit pourtant une croissance moyenne de 3,7 %.

Rappelons que la Banque mondiale avait publié, à la mi-janvier 2025, un rapport selon lequel la Tunisie devait enregistrer une croissance économique de 2,2 % en 2025, et de 2,3 % en 2026. Deux chiffres qui ne sont donc plus d’actualité, la correction pour l’année 2026 (-0,6%) étant encore plus conséquente. Il est également à noter que le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué, dans un récent rapport, que selon ses dernières prévisions le taux de croissance de la Tunisie en 2025 devrait être de 1,4 %.

 

Tarifs douaniers, conjoncture locale et mondiale

Les dynamiques commerciales volatiles et l’évolution rapide de l’environnement politique mondial ajoutent une couche supplémentaire d’incertitude, rendant les prévisions économiques plus difficiles, estiment néanmoins la plupart des économistes ayant commenté ces chiffres bien moroses. En tant que pays importateur de pétrole, la Tunisie est du reste vulnérable aux variations des prix de l’énergie, ce qui n’a pas manqué d’affecter sa balance commerciale et ses finances publiques.

Malgré ces défis, la Banque mondiale note que la croissance pourrait être soutenue par un rebond du secteur agricole en 2025, sous l’hypothèse d’une amélioration des précipitations. Par ailleurs, le taux d’inflation est prévu en baisse, passant de 7 % en 2024 à 5,5 % en 2025, puis à 5 % en 2026.

S’agissant de l’industrie de l’huile d’olive en Tunisie et du secteur oléicole stratégique pour l’économie du pays, il traverse en outre une période de fortes turbulences. Alors que la production d’huile d’olive en 2024 était abondante, les producteurs se retrouvent confrontés à une chute des prix, une faible rentabilité et une organisation du marché déficiente, en partie du fait des ennuis judiciaires d’acteurs clés de ce secteur.

L’application de la surtaxe de +28 % par l’administration Trump notamment sur des produits tels que les dattes, le phosphate, le textile tunisiens risque aussi de rendre ces produits moins compétitifs sur le marché américain. Les coûts supplémentaires induits par la taxe se répercuteront à n’en pas douter sur le prix final, réduisant leur attractivité face aux concurrents internationaux.

 

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