La Directrice générale de l’OIM en visite de travail en Tunisie

Amy Pope à Carthage le 5 mai 2025
Controversée, sa visite suscite une levée de boucliers de certains députés à l’Assemblée des représentants du peuple. La Directrice générale de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Amy Pope, effectue une visite officielle en Tunisie les 5 et 6 mai 2025, à l’invitation du gouvernement tunisien.
Officiellement, ladite visite s’inscrit dans le cadre du « renforcement des relations de coopération entre la Tunisie et l’OIM ». À cette occasion, Mme Pope tiendra plusieurs rencontres de haut niveau avec des responsables tunisiens, visant à « faire le point sur l’avancement des programmes conjoints et à explorer de nouvelles pistes de collaboration dans les domaines prioritaires tels que la gestion des migrations, la protection des migrants et le développement durable ».
Aujourd’hui 6 mai, Amy Pope participe à un atelier international organisé par le ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, en partenariat avec l’OIM, autour du thème : « La contribution des diasporas à la promotion de l’investissement et à la réalisation du développement durable ».
L’atelier fait par ailleurs partie du processus préparatoire du 15ᵉ Forum mondial sur la migration et le développement, qui se tiendra cette année dans la ville de Barranquilla, en Colombie, où une participation de haut niveau est attendue, incluant des représentants gouvernementaux, des experts internationaux, des organisations internationales, des institutions financières, ainsi que des figures influentes de la diaspora tunisienne.
Opposition de certains députés pro pouvoir
Mais malgré le fait que Pope ait été reçue au Palais de Carthage hier 5 mai, au même moment certains élus appartenant pourtant à la majorité parlementaire émettent de virulentes réserves quant à cette visite. Ainsi la députée Fatma Mseddi est même allée jusqu’à accuser le ministre des Affaires étrangères « d’agir contre les intérêts de la Tunisie en dissimulant des engagements internationaux pris lors de la visite de la directrice générale de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ».
Dans une publication sur les réseaux sociaux, la députée s’est indignée face à ce qu’elle considère comme une absence de débat public ou parlementaire autour de cette visite, qui concerne un dossier aussi délicat que la migration, allusion à la migration des populations subsahariennes en Tunisie et vers l’Europe. Elle déplore ainsi la présentation de cette initiative comme un acte d’« ouverture et de coopération », tout en cachant estime-t-elle des engagements susceptibles de compromettre la souveraineté nationale du pays.
Mseddi a en outre mis en garde contre le risque que la Tunisie soit transformée en plateforme de transit vers l’Europe. Elle a suspecte que certains projets, comme les ateliers sur la diaspora, dissimulent des objectifs plus graves, notamment la réinstallation forcée de migrants. « Le ministère des Affaires étrangères est devenu la vitrine de l’exécution d’agendas qui ne reflètent pas nos intérêts nationaux, mais plutôt les injonctions d’institutions internationales cherchant à nous imposer leurs stratégies », a-t-elle réitéré.
Elle a appelé à une transparence totale concernant les accords en cours, estimant que la gestion du dossier migratoire devait rester une prérogative exclusive de l’État tunisien, en fonction de ses priorités régaliennes.
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