Le hacker Ulcan réfugié en Israël est jugé par défaut ce jeudi à Paris

 Le hacker Ulcan réfugié en Israël est jugé par défaut ce jeudi à Paris

Grégory Chelli alias Ulcan sera jugé au tribunal correctionnel de Paris, ce jeudi 4 mars 2021. YouTube

Grégory Chelli, 37 ans, alias « Ulcan », se proclamait, en 2014, être un justicier cherchant à nuire à quiconque s’en prenait, selon lui, à Israël. Il s’était fait une spécialité du harcèlement violent sur Internet.

 

Ses cibles : des militants, des journalistes mais aussi de simples particuliers. Les plaignants s’appellent Martine Aubry ou encore Pierre Haski, à l’époque, directeur de la rédaction de Rue 89.

Auteur de multiples canulars extrêmes, il est pour la première fois jugé ce jeudi 4 mars au tribunal correctionnel de Paris pour une kyrielle de délits : appels malveillants, dénonciation de faits imaginaires, dénonciation calomnieuse, menace de commettre un délit, usurpation d’identité, violences…

Cinq dossiers seront, en tout, à l’examen. Réfugié en Israël, il ne sera pas présent lors de son procès.

Ancien membre de la Ligue de défense juive, un groupuscule d’extrême droite, Grégory Chelli s’est fait connaître à l’été 2014. Israël bombardait alors la bande de Gaza. Le Franco-Israélien pirate alors des sites pro-palestiniens ou encore celui du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), en hackant leurs serveurs. D’autres suivront. Depuis Ashdod en Israël où il vit, Ulcan vante ses exploits sur sa plateforme nommée « Violvocal », fédérant de nombreux admirateurs. Il n’hésite pas à y revendiquer ses actions, en diffusant les enregistrements de ses canulars ou de ses coups de fil d’insultes, notamment à des journalistes.

Pour montrer son soutien au peuple palestinien, le conseil municipal de Lille décide de suspendre son jumelage avec une ville israélienne. Ulcan menace alors publiquement de diffuser l’adresse et le numéro de Martine Aubry. Auteur d’appels malveillants et de menaces, le hacker ira jusqu’à appeler les gendarmes en se faisant passer pour le mari de la maire de Lille et déclarer qu’il vient de la tuer à coup de couteau.

Ulcan parvient ainsi à obtenir des informations personnelles sur ses cibles auprès des commissariats, en se faisant passer lui-même pour un policier.

Puis appelle les forces de l’ordre en usurpant identité et téléphone de l’intéressé, prétendant avoir commis un meurtre et être retranché, armé et prêt à en découdre.

Un « jeu » malsain qui va mener au drame. En 2014, Benoît Le Corre, journaliste chez Rue 89 publie un portrait du hacker qui déplaît à Ulcan. En colère, il se venge sur les parents de notre confrère.

Dans la nuit du 31 juillet au 1er août 2014, Ulcan se fait passer pour un policier. Il annonce aux parents de Benoît Le Corre la mort de leur fils après un accident. Deux jours plus tard, le hacker appelle cette fois le commissariat de Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne). Se faisant passer pour le père du journaliste, il explique à la police avoir tué sa femme et son fils. En pleine nuit, les parents de Benoît Le Corre reçoivent ainsi la visite de plusieurs policiers en armes à la recherche des pseudo-victimes.

Cinq jours plus tard, le père du journaliste fait une crise cardiaque dont il ne s’en remettra pas. Des faits qui ont valu à Grégory Chelli un renvoi aux assises, annulé en décembre par la Cour de cassation en raison d’un vice de forme sur le mandat d’arrêt émis par la France.

Le journaliste Pierre Haski a, pour sa part, fait l’objet de nombreux appels à toute heure lorsqu’il dirigeait la rédaction de Rue 89. Il a même eu devant son immeuble des policiers lourdement armés au motif qu’il aurait tué sa femme.

Le site Internet de France Inter avait disjoncté après une cyberattaque durant une émission de Pascale Clark qui recevait justement Pierre Haski.

Parmi les faits d’armes d’Ulcan, on peut citer aussi le piratage du téléphone du PDG d’Orange Stéphane Richard et des menaces qui ont suivi.

Ce jeudi, d’autres plaignants viendront témoigner de la violence des « canulars » de Grégory Chelli. Parmi eux, un homme domicilié dans l’Est de la France qui portait le même nom qu’une cible du cyber activiste franco-israélien. Une erreur. Ou encore les responsables d’une association, également de l’Est du pays, considérée par Ulcan comme proche de la mouvance néo-nazie et antisémite en France.

Grégory Chelli, qui vit dans le sud d’Israël, n’a plus fait parler de lui depuis quelques années, depuis qu’il a été placé en garde à vue par la police israélienne en lien avec ses affaires de menaces et de canulars. Mais l’État israélien n’a pas pour autant donné suite aux demandes de la justice française de le transférer à Paris.

 

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Nadir Dendoune