Expulsion de l’ambassadeur syrien : Interview du secrétaire d’Etat chargé des Tunisiens à l’étranger

 Expulsion de l’ambassadeur syrien : Interview du secrétaire d’Etat chargé des Tunisiens à l’étranger

Houcine Jaziri : « La Tunisie d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier


Houcine Jaziri est un homme très sollicité. Issu d’Ennahdha dont il fut le porte-parole en France, il est le fraîchement nommé secrétaire d’Etat chargé de l’Immigration et des Tunisiens de l’étranger. Un secrétariat d’Etat flambant neuf qu’il vient d’inaugurer et qui dépend du ministère des Affaires sociales. C’est le gouvernement qu’il représente aujourd’hui et non plus son parti.




 


Il nous a reçus dans ses bureaux situés à Bab Bnet, anciennement affectés au secrétariat d’Etat à la Solidarité sociale, à deux pas de la Kasbah, entre deux envahissements des locaux du ministère par des familles de « harragas » disparus, venues s’adresser à un quasi ministre de tutelle, qu’elles considèrent désormais comme leur principal vis-à-vis représentant l’Etat dans cette affaire.


Mais l’actualité le concerne aujourd’hui par ailleurs tout aussi directement, s’agissant de l’expulsion, controversée d’après l’opposition, de l’ambassadeur syrien en Tunisie (déjà absent depuis 8 mois, il était remplacé par un chargé d’affaires), en réponse à l’intensification de la répression sanguinaire de la contestation en Syrie.


L’opposition ainsi qu’une partie de l’opinion invoquent notamment le sort négligé des Tunisiens en Syrie qui risquent de faire l’objet de représailles de la part du régime de Bachar Al Assad.


 


Le Courrier de l’Atlas : Avez-vous des nouvelles des ressortissants tunisiens encore présents en Syrie, et avez-vous envisagé des solutions pour les faire évacuer en cas de besoin ? 


Houcine Jaziri : Notre ambassadeur en Syrie est en train de faire le nécessaire et de gérer la question. Le nombre des Tunisiens en Syrie est moins important que prévu, il ne dépasse pas aujourd’hui les 2 500. Vous savez, en matière de droit international, il arrive en temps de guerre notamment de prendre de telles décisions. Les relations entre les pays obéissent à des traités, des accords, des droits, etc. Le monde moderne, ce n’est plus la barbarie de nos jours.


La Tunisie d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier, elle ne se contente plus de suivre les autres pays de la communauté internationale. Ceci n’est pas pour dire que les autres n’ont pas pris leurs responsabilités. Mais c’est désormais les pays du Golfe qui, comme on l’a vu, se sont alignés sur la position tunisienne en excluant à leur tour les ambassadeurs syriens.


Des centaines, voire des milliers de Syriens sont en train de mourir. On ne peut pas tolérer cela. Il faut envoyer un signal fort au reste du monde. Et je ne comprends pas notre opposition et certaines élites qui ne prennent pas position pour défendre les victimes civiles de la dictature. Ce n’est tout de même pas à nous, au pouvoir, de nous y substituer pour défendre, plus encore que l’opposition, la société civile, les individus et les libertés !


Aujourd’hui, en Syrie, on est en train de tuer avec sang-froid des enfants, des femmes, des vieux, des citoyens qui ne sont pas armés. Nous avons fait le minimum.


Rappelez-vous ce qui s’est passé en Bosnie, lorsque nous avons condamné l’Europe pour n’avoir rien fait dans un premier temps face aux massacres des Bosniaques. Ce sont les Etats-Unis qui avaient dû intervenir en dernier recours.


Il s’agit aussi de sauver un peuple qui en train de mourir, nous entendons jouer pleinement notre rôle, et je pense que les Tunisiens sont fiers d’une telle décision.   


Propos recueillis par Seif Soudani




 

Seif Soudani