Le Maroc adopte un projet de loi sur l’usage thérapeutique du cannabis

 Le Maroc adopte un projet de loi sur l’usage thérapeutique du cannabis

Au Maroc, le conseil de gouvernement vient d’adopter un projet de loi sur l’usage thérapeutique et industriel du cannabis. Il sera soumis au Parlement dans les jours à venir, et s’il recueille le feu vert des deux Chambres, ce texte ouvrira de nouvelles opportunités aux producteurs. 

Le vendredi 12 mars, l’Association des médecins internes de l’Université Mohammed VI des sciences de la santé a organisé une conférence sur le cannabis thérapeutique regroupant des experts et des chercheurs. Ils ont souligné l’importance de l’utilisation thérapeutique de cette plante contre les fortes douleurs liées à des maladies graves. Il ya une demande internationale de plus en plus importante, ce qui offre une réelle opportunité socio-économique pour le Maroc.

L’usage de cette plante à des fins médicales et thérapeutiques connaît une augmentation annuelle régulière ces dernières années à l’échelle internationale, de l’ordre de 30%. Ce projet de loi vise à réguler toute la chaîne de production du cannabis à des fins exclusivement médicales et thérapeutiques, à savoir la culture du cannabis, la production, la fabrication, le transport, l’exportation. Toutes ces étapes seront soumises à des autorisations préalables délivrées par une agence spécialisée. 

Le chanvre, des vertus thérapeutiques

Les vertus thérapeutiques du chanvre ont déjà amené plusieurs pays à adopter des lois pour réglementer les activités liées à cette plante comme le Canada, le Pays-Bas, la Colombie, l’Espagne, la Chine, le Chili, la Suisse, le Ghana, l’Afrique du Sud, la Suède ou encore les 30 Etats américains. L’OMS a supprimé cette plante de la liste des « substances ayant un potentiel d’abus fort et sans valeur thérapeutique notable ».

Un texte qui ne fait pas l’unanimité

Ce texte de loi, qui a fait couler beaucoup d’encre au Maroc entre les défenseurs et les détracteurs, divise le premier parti politique du pays, le Parti Justice et Développement (mouvance islamiste). Abdelilah Benkirane, ex-secrétaire général du PJD et ancien chef du gouvernement, a même gelé son adhésion à son parti, juste après l’adoption de ce projet de loi par le Conseil de gouvernement. 

Dans une année électorale qui connaîtra des élections législatives avant décembre, cette loi va être au centre des débats politiques. Il est à noter que ce nouveau texte ne dépénalise pas l’usage « récréatif » du cannabis qui demeure une activité illicite, tant au niveau de sa commercialisation que de sa consommation. 

Un taux de THC surveillé

En revanche, en autorisant la production à des fins exclusivement médicales, le Maroc veut mettre fin à la mainmise des trafiquants sur les populations qui vivent de la culture illicite et protéger l’environnement et les ressources hydriques. De plus, la culture du chanvre sera interdite si le THC (la substance psychoactive) est supérieur au seuil qui sera fixé par une loi organique. Des psychiatres et spécialistes du cerveau soulignent que celui-ci est fortement nocif pour le cerveau. Il perturbe le fonctionnement normal des neurones et multiplie le risque de déclencheur de maladies psychiatriques : schizophrénie, bipolarité, dépression, etc. 

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Malika El Kettani