Le paradoxe du progrès, petite réflexion sur le monde actuel

 Le paradoxe du progrès, petite réflexion sur le monde actuel

Une étude realisée par plusieurs scientifiques de toutes disciplines et publiée sous forme de rapport intitulé « le monde en 2035, vu par la CIA » livre diverses réflexions sur le monde actuel et de demain1. Ce rapport pointe du doigt les périls qui menacent nos sociétés, malgré les progrès accomplis dans les domaines de la santé, la sécurité, l’éducation, l’économie, la technologie. C’est ce qu’on appelle le paradoxe du progrès, un sujet bien captivant.

Qu’est-ce que le paradoxe du progrès ?

Dans son livre « tout est foutu », Mark Manson (2020)résume le paradoxe du progrès de la façon suivante : « L’humanité n’a jamais connu une telle prospérité, ni une telle sécurité, mais elle est plus désespérée que jamais ». Pourquoi ce triste constat ? Nous allons tenter d’y répondre, en nous basant sur les pistes analysées par la « Etats-unis National intelligence»  et les données rapportées par d’autres études3,4,2.

La « perte d’espoir » de nos sociétés

Les résultats de ces recherches indiquent clairement que nous vivons une époque assez étonnante. Dans la plupart des pays riches et développés, les gens jouissent d’une aisance matérielle, d’une meilleure santé avec une espérance de vie qui continue de s’allonger partout dans le monde, d’un bon système d’éducation, mais le pessimisme s’est emparé de ces populations. Également, nous semblons plus libres et autonomes, du fait que nous jouissons de plus de droits et de richesse. Mais, ces données ne changent rien aux problèmes de « perte d’espoir » qui rongent nos sociétés, malgré les gigantesques progrès qui ont été accomplis, sur tous les plans, au cours de ces dernières années.

À titre d’exemple, aux États-Unis, certaines études rapportent une augmentation de la prévalence des symptômes dépressifs depuis quatre-vingt ans chez les jeunes et depuis vingt ans dans la population adulte » ; ce phénomène apparaissant, un peu plus tôt à chaque génération5,6.

 Également, d’autres recherches indiquent que, dans les pays développés, non seulement le niveau de confiance des populations a chuté mais il s’accompagne d’un niveau de stress plus élevé qu’il y’a trente ans3,4 .

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Que se passe-t-il dans le monde pour arriver à un tel constat ?

La recension des écrits indique que, entre autres, certains facteurs environnementaux et psycho-sociaux pourraient expliquer l’incertitude qui s’est emparée de ces sociétés dites modernes et développées. 

1. Facteurs environnementaux 

L’actuelle pandémie du Covid19 a révélé au grand jour combien les conspirationnistes sont à la « mode » et trouvent beaucoup d’adeptes au sein des populations. Le radicalisme religieux ou politique devient un phénomène planétaire, accompagné d’une montée dangereuse du populisme, plusieurs dirigeants dictatoriaux, voir totalitaires, ont accès aux armes nucléaires ou s’activent à les obtenir. La liste des autres périls pourrait être longue, pour ne citer, entre autres, que le réchauffement climatique ou les cyber-attaques qui menacent nos sociétés, et ce, malgré leur force économique et technologique1.

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2. Facteurs psychosociaux : 

Plusieurs recherches rapportent un déclin du niveau de confiance sociale, au sein de plusieurs sociétés. Les gens ne font plus confiance, ni en leur gouvernement, ni aux médias et ni même entre eux. L’isolement social et l’exclusion sociale augmentent chez les personnes âgées, en causant de nombreux dysfonctionnements dont les non-recours aux soins médicaux adaptés à cette population vulnérable8,9. 

 En 2020, les troubles mentaux semblent occuper le premier rang des causes mondiales de handicap. La pandémie de Covid-19 et les mesures restrictives prises pour l’enrayer ont aggravé certains de ces troubles tant chez les jeunes comme chez les adultes ou personnes agées.

Que conclure ?

De cette réflexion, il en ressort que « trop de bonnes choses » peuvent nous happer vers le néant. Gardons espoir en l’avenir, en sauvegardant nos valeurs et en plaçant la conscience humaine au-dessus de la fausse liberté. 

Sources 

1. Etats-unis National intelligence , Jaulmes A (2017). Le monde en 2035 vu par la CIA. Le paradoxe du progrès. Éditions Des Equateurs Eds; ISBN: 2849904872

2. Mark Manson (2020). Tout est foutu. Éditions Eyrolles. ISBN : 978-2-212-57249-0

3. Cohen S, Deverts DJ (2012). Who ‘stressed? Distributions of 1983, 2006, and 2009. Journal of Applied Social Psychology, 42, p.1320-1334

4. Herbst, C.M (2011). Paradoxal’Decline? Another look at the Relative Reduction in Female Hapiness, Journal of Economic Psychology Hapiness, P.773-788

5. Klerman GL, Weissman MM (1989). “Increasing Rates of Depression”. Journal of the American Medical Association, 261, p.2229-2235

6.  Rapport OMS (2018). Le baromètre de confiance de Edelman. http://www.edelman.com∕sites∕g∕files

7. Rapport OMS (2012): Suicides Rates Data BY Country (2018). http://apps.who.int⁄gho∕data

8. Samia Mechakra-Tahiri et coll. (2009). Social relationships and depression among people 65 years and over living in rural and urban areas of Quebec. Int J Geriatr Psychiatry ; 24: 1226–1236.

9. McPherson M et coll. (2006). Social Isolation In America : Changes in Core Discussion Networks over two decades American Sociological Review, 71, numero3, p.353-357

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Malika El Kettani