Le régime algérien reconduit à la frontière un nouveau groupe de Marocains séquestrés en Algérie

 Le régime algérien reconduit à la frontière un nouveau groupe de Marocains séquestrés en Algérie

Vue depuis la ville marocaine d’Oujda, montrant des gardes-frontières algériens patrouillant le long de la frontière avec le Maroc, le 4 novembre 2021. (Photo par FADEL SENNA / AFP)

Les autorités algériennes ont procédé, mardi 15 avril, à la libération de plusieurs Marocains détenus dans les prisons du pays, a indiqué l’Association marocaine d’aide aux migrants en situation difficile, basée à Oujda.

Selon la même source, 23 Marocains ont été libérés et transférés vers les postes-frontières de Maghnia « Akid Lotfi » et « Zouj Bghal », après avoir été détenus pour migration irrégulière. D’après l’Association marocaine d’aide aux migrants en situation vulnérable (AMSV), ces personnes étaient placées en détention administrative après avoir purgé une peine de prison. Elles n’avaient pas réglé les lourdes amendes infligées par les tribunaux algériens. L’ONG précise que certains ont été maintenus en détention administrative plus de six mois après la fin de leur peine.

Toujours selon l’AMSV, 480 Marocains sont encore incarcérés en Algérie, tandis que les corps de six détenus marocains se trouvent toujours dans des morgues algériennes. Ce type de réouverture temporaire de la frontière reste exceptionnel : la plus récente remonte à décembre dernier, dans des circonstances similaires.

L’Association indique que la majorité de ces détenus sont des ouvriers manuels, actifs notamment dans les secteurs du plâtre et du zellige. Ils ont été condamnés pour des accusations graves telles que la traite des êtres humains, le blanchiment d’argent ou l’immigration clandestine.

Avant cette vague de libérations, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait annoncé une visite imminente dans plusieurs centres de détention en Algérie afin d’évaluer les conditions de détention des Marocains.

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En novembre 2024, les autorités algériennes avaient déjà libéré deux groupes de Marocains via le poste-frontière situé à proximité d’Oujda. Le premier groupe comptait seize jeunes, le second vingt-sept. Parmi eux figuraient des candidats à l’émigration irrégulière, ainsi que des ouvriers du bâtiment, spécialisés dans la menuiserie, la maçonnerie ou d’autres métiers. Plusieurs avaient purgé des peines de plus de trois ans et demi, suivies d’une année supplémentaire de détention administrative.

Selon la Ligue marocaine de défense des droits de l’homme, des centaines de Marocains ont été arrêtés en Algérie sous divers chefs d’accusation, tels que l’espionnage, l’immigration illégale ou le trafic d’êtres humains, sans inculpation ni comparution devant un juge depuis plus d’un an.

L’ONG affirme que les citoyens marocains, en particulier les artisans et les entrepreneurs, sont devenus des cibles privilégiées des services de sécurité algériens. Elle déconseille tout déplacement en Algérie, pays considéré comme dangereux pour les Marocains sur le plan des droits humains. La Ligue appelle à reconsidérer les projets de voyage vers l’Algérie, qu’ils soient professionnels ou familiaux, afin d’éviter arrestations arbitraires et procès jugés inéquitables. Elle cite à ce titre le cas de plus de 500 Marocains arrêtés sous des accusations similaires, dont plusieurs sont détenus sans inculpation ni jugement depuis plus d’un an, dans des conditions marquées par l’absence de procédure judiciaire.

Il convient de rappeler que le régime algérien est coutumier des expulsions massives et des grandes rafles. L’expulsion de 1975, également appelée la « Marche noire » par les Marocains expulsés, avait été ordonnée le 18 décembre 1975 par le président Mohamed Boukharouba, dit Houari Boumédiène. En l’espace de 48 heures, des dizaines de milliers de Marocains installés en Algérie, parfois depuis plusieurs générations, avaient été expulsés.