Les journalistes afghanes quasiment réduites au silence par les talibans

 Les journalistes afghanes quasiment réduites au silence par les talibans

La présentatrice afghane Shabnam Dawran dit avoir été empêchée de travailler par les talibans. Kaboul, le 19 août 2021.

Les femmes journalistes afghanes disparaissent petit à petit des médias du pays, alerte l’ONG Reporters sans frontières.

 

Mots et actes

Lors de la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan à la mi-août, leur porte-parole Zabihullah Mujahid assurait que les femmes pourraient « retourner à leur travail dans quelques jours ». Reporters sans frontières (RSF) constate amèrement qu’à ce jour aucune mesure en ce sens n’a été annoncée. Et pire, selon une enquête de l’ONG, « sur les 510 femmes qui travaillaient dans 8 des plus grands médias et groupes de presse [avant le 15 août, ndlr], seules 76 (dont 39 journalistes) exercent encore leurs fonctions à ce jour ».

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Ligne rouge

Les témoignages commencent à se succéder. RSF rapporte que des femmes journalistes étaient « empêchées par les gardes talibans postés devant les locaux de leur rédaction, de partir en reportage ». Pourtant, les organisations internationales étaient vigilantes. « Une ligne rouge fondamentale sera la façon dont les talibans traitent les femmes et les filles et respectent leurs droits à la liberté (…) conformément aux normes internationales en matière de droits humains » déclarait le 24 août dernier, Michelle Bachelet, Haute-commissaire aux droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU).

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Silence

« Il est essentiel que les femmes journalistes puissent reprendre au plus vite leur travail sans être inquiétées, parce que c’est leur droit le plus strict, parce que c’est essentiel pour leur subsistance, mais aussi parce que leur absence dans le paysage médiatique afghan reviendrait à réduire au silence toutes les autres Afghanes », avertit Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.

L’ONG rappelle qu’à ce jour, la quasi-totalité des médias privés, dans les provinces afghanes, ont stoppé leurs activités avec la progression des troupes talibanes. Malgré tout, quelques femmes journalistes continuent, « tant bien que mal, à faire leur métier depuis leur domicile ». Un net recul par rapport à 2020.

Selon une enquête statistique de RSF et le CPAWJ (Centre pour les femmes journalistes afghanes), 1700 femmes travaillaient dans les provinces de Kaboul, Hérat et Balkh.

 

Charly Célinain