Lycée Averroès : la région Hauts-de-France condamnée à verser 287 000 euros

 Lycée Averroès : la région Hauts-de-France condamnée à verser 287 000 euros

Lycée Averroès à Lille, le 28 septembre 2023. Fondé il y a 20 ans à la suite de l’interdiction du port du foulard à l’école, Averroès est le premier lycée musulman sous contrat en France. Sameer Al-DOUMY / AFP

Le Conseil d’Etat condamne la région des Hauts-de-France à verser les subventions de l’année 2022-2023 dues au lycée Averroès. Toutefois, celui-ci ne sera plus sous contrat à la rentrée 2024.

287 000 euros de subventions. C’est la somme que devra verser la région des Hauts-de-France au lycée privé musulman Averroès, pour l’année 2022-2023, suite à la condamnation du Conseil d’Etat hier (22 avril).

Ce n’est pas la première fois que la région est condamnée à payer les subventions dues au plus grand lycée musulman de France. Depuis 2019, la région s’oppose au versement de cette subvention obligatoire, à cause, notamment, d’un soupçon de financement de l’établissement par une association caritative du Qatar en 2014.

Cependant, chaque année depuis cinq ans, le tribunal administratif de Lille, suivi par le Conseil d’Etat, condamne la région à verser les sommes dues.

Fin de contrat

Ce qui est reproché par le préfet du Nord au lycée Averroès, c’est la mise en place d’enseignements estimés « contraires aux valeurs de la République ». Si le lycée a obtenu gain de cause pour les subventions de l’an passé, en décembre dernier, le préfet du Nord décidait de résilier le contrat d’association de l’établissement, et ce, à compter de la rentrée de septembre 2024.

Le tribunal administratif de Lille a suivi le préfet (12 février), estimant que le lycée a manqué à certaines obligations. D’abord « en s’opposant, sans motif suffisant, à un contrôle inopiné du CDI prévu le 27 juin 2022 », mais aussi en citant un livre prônant la peine de mort en cas d’apostasie, comme source pour les cours d’éthique musulmane.

Arrêt de mort ?

Pour Vincent Brengarth, avocat du lycée Averroès, il s’agissait là d’une « mesure de police administrative qui vise davantage l’identité de l’établissement et ce qu’il porte » que de potentiels « manquements administratifs ». 

Celui-ci prévenait également que l’arrêt des subventions était un « arrêt de mort qui pèse sur l’établissement Averroès ». Créé en 2003, le groupe scolaire emploie 110 personnes et accueille 473 lycéens ainsi que 352 collégiens.

Afin d’anticiper la résiliation du contrat d’association, une cagnotte en ligne a été lancée par l’établissement.

 

Charly Célinain