Maroc. « Il y a un avant et un après Sahraouiya », Nadia Rioland, 3e du raid sportif

 Maroc. « Il y a un avant et un après Sahraouiya », Nadia Rioland, 3e du raid sportif

Maroc – Sahraouiya édition 2021 – Nadia Rioland (D) et sa coéquipière Sihame Fakhir prennent la 3è place au raid sportif féminin la Sahraouiya tenu à Dakhla, du 13 au 20 mars 2021. Photo : SIMO DRISSI K.

Habituellement, hors crise sanitaire, la « Sahraouiya », a lieu en février. La 7é édition de ce raid sportif 100% féminin vient de s’achever. Du 13 au 20 mars, 80 femmes, venues d’Afrique et d’Europe se sont « affrontées » en binôme de jour comme de nuit, à pied, à vélo, ou en kayak, à Dakhla, haut lieu mondial du surf. La Française Nadia Rioland faisait équipe avec sa compatriote Sihame Fakhir. Un duo gagnant pour « Gazelles in the city », puisque les deux « banlieusardes parisiennes » ont fini 3è.

 

LCDL : Vous venez à peine d’atterrir en France…

Nadia Rioland : Oui et j’ai encore la tête dans les nuages. J’ai souvent entendu dire qu’il y avait un avant et un après « Sahraouiya », mais je croyais que c’était exagéré. Ça ne l’était pas…

C’est-à-dire ?

Cette aventure est vraiment à part. Jamais, je n’oublierai cette semaine. En plus du défi sportif, j’ai rencontré des gens exceptionnels. Ce n’était pas des concurrentes mais des partenaires de galère. Il y avait une ambiance de dingue, tout le monde s’encourageait.

Qu’est-ce qui a été le plus dur pendant le raid ?

Il y avait beaucoup de vent, et physiquement, c’était à certains moments, difficile. Il a fallu courir de nuit, pédaler sur le sable, gérer les courants avec le kayak, franchir des obstacles, grimper à l’aide d’une corde…

Votre co-équipière a été une source de motivation…

La « Sahraouiya » est une course qui se fait à deux, qui se gagne à deux et qui se perd à deux. Si l’une des deux lâche, c’est l’équipe qui est disqualifiée. Avant de partir pour la « Sahraouiya », on ne se connaissait pas vraiment avec Sihame mais notre duo a matché ! Nous avons énormément de points communs : nous avons grandi toutes les deux dans un quartier populaire, moi à Gennevilliers, elle à Val de Reuil, en Normandie. Nous sommes aussi mamans et on a commencé le sport tardivement. On avait énormément de choses à prouver toutes les deux.

Nous nous sommes battues tous les jours pour faire déjouer les pronostics et prouver qu’on est tous capables d’aller au bout de nos rêves et surtout de dépasser nos limites. En arrivant au bout de la « Sahraouiya », nous avons encore compris que c’est le mental qui gère tout. A titre personnel, je n’avais jamais ressenti ça aussi profondément. Je me suis fait confiance, j’ai accepté la douleur, et c’est pour ça que je n’ai pas lâché.

La « Sahraouiya » est aussi un raid solidaire et associatif…

A travers cette aventure, on a souhaité avec Sihame démontrer à toutes les femmes, et en particulier aux jeunes filles de l’association française « Sport dans la Ville » qu’il était important de croire en soi. Avant de partir au Maroc, nous sommes allées rencontrer les jeunes filles de l’association à Paris et elles nous ont donné beaucoup de force. Cette 3è place est également pour elles. Avec ce podium, nous avons gagné un chèque de 1000 euros que nous allons reverser à cette association.

Vous auriez même pu finir secondes…

On n’espérait même pas être sur le podium, mais notre constance dans l’effort nous a permis de nous maintenir dans le haut du classement. C’est notre maitrise du canoë qui nous a définitivement assises à la 3ème place ! Une erreur stratégique en course d’orientation nous empêche d’accéder à la 2ème place dont nous sommes séparées de moins de 15 min au chrono total !

Quelle est la suite pour Nadia Rioland ?

Le marathon de Paris en novembre prochain, puis la Transmarocaine. Toujours plus haut, toujours plus fort…

 

>> Lire aussi : Quand un banlieusard domine le monde

>> Voir : Départ du Raid Sahraouiya édition 2020.

Nadir Dendoune