Attentat de Marrakech : bientôt le procès

Les auteurs de l’attentat du café Argana affronteront la justice à partir du jeudi 30 juin. Outre les 17 morts, les conséquences se font aussi sentir au niveau de l’économie du tourisme.

Deux mois après l’attentat qui a ravagé de café Argana, situé au cœur de Marrakech, la justice marocaine entame le procès des auteurs présumés. Le bilan de l’attentat est lourd : 17 morts et de nombreux blessés. C’est l’attaque terroriste la plus sévère qu’ait connu le Maroc depuis les attentats de 2003 à Casablanca avec 45 morts dont 12 kamikazes.

Jeudi 30 juin, le tribunal anti-terroriste de Salé ouvrira donc le procès où 8 personnes seront à la barre des accusés. Elles sont toutes accusées de terrorisme en vertu de la loi antiterroriste de 2004 adoptée après les attentas de 2003. Elles encourent des peines très lourdes, parmi lesquelles la peine de mort. Celle-ci est régulièrement prononcée au Maroc même si le pays observe un moratoire de fait des exécutions depuis 1993. Selon l’acte d’accusation, les prévenus sont accusés « de porter gravement atteinte à l’ordre public, d’assassinat avec préméditation et guet-apens, de détention et fabrication d’explosifs et d’appartenance à un groupe religieux interdit ».

Peu après l’attentat, le ministère de l’Intérieur estimait que le principal mis en cause, Adil El Othmani, « était fortement imprégné de l’idéologie jihadiste » et exprimait ouvertement son allégeance pour Al-Qaïda. Toutefois, Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a nié être impliqué de près ou de loin dans cet attentat.

Les conséquences de l’attentat sont multiples. Il y a d’abord les morts, les blessés et leurs proches. Plusieurs opérations de solidarité ont eu lieu ces derniers temps pour leur venir en aide, comme par exemple un concert exceptionnel organisés avec les artistes du festival Mawazine, et qui a permis de recueillir des fonds. Autre conséquence : le tourisme. Les chiffres indiquent une forte baisse du secteur touristique en mai, le mois qui a suivi l’attaque. Marrakech, destination touristique numéro un du royaume, accuse une baisse de 35% des nuitées en mai 2011 par rapport à mai 2010. Le nombre de touristes français est en baisse de 40%, celui des Espagnols en chute de 60%. Plus globalement, sur l’ensemble du Maroc, les arrivées sont en baisse de 4%. Abdelhamid Addou, directeur général de l’office national marocain du tourisme, s’estime toutefois rassurant puisque cette baisse fait suite à un mois d’avril en hausse de 22%. La fréquentation touristique des 5 premiers mois de 2011 reste positive avec une croissance de 6,7% du nombre d’arrivées.

Pour les prochains mois, les perspectives ne sont pas réjouissantes. Les prévisions des tours operators français font état d’un recul des réservations d’été de 38% sur le royaume. L’année 2011 cumule, il faut de reconnaître, un nombre important de facteurs défavorables à l’industrie touristique : l’instabilité liée aux révolutions arabes même si le Maroc n’est pas touché, un ramadan en août et une crise économique qui perdure en Europe…

Cyril Bonnel

 

 

 

Cyril Bonnel