Football. Un derby de Casa pour le réveillon

 Football. Un derby de Casa pour le réveillon

Plus d’un demi-siècle après la naissance de la rivalité entre les deux grandes institutions de Casablanca

La Botola va terminer l’année en beauté. Samedi (13h30, heure française), le 123e derby de Casablanca constituera le temps fort de la 14e journée du championnat. Sur la forme du moment, le Raja part favori. Mais le WAC se servirait bien du derby pour reprendre son élan.

Quelques chiffres pour commencer. Au bilan des derbys, le Raja mène : 39 victoires, contre 31 pour les Rouges. Cinquante-deux fois les grands ennemis du football marocain ne sont pas parvenus à se départager.

C’est en 1956, année de l’indépendance et de création du championnat du Maroc, que commença à se construire la rivalité entre les deux clubs. Le Père Jego, fondateur du Wydad, venait de rejoindre le Raja. Le dirigeant et entraîneur souhaitait se venger d’un club qui lui avait montré la porte de sortie malgré de nombreux titres acquis.

Au WAC, le père Jego avait inculqué un style anglais. Au Raja, il misera sur son antithèse, convaincu après un voyage en Amérique du Sud que le style latino-américain collait davantage à la mentalité du joueur marocain. Si les années ont brouillé l’identité de chaque club, le derby de Casa opposa longtemps deux écoles de jeu.

Plus d’un demi-siècle après la naissance de la rivalité entre les deux grandes institutions de Casablanca, chaque camp peut se prévaloir d’une certaine supériorité. Le palmarès national consacre le WAC, tandis que l’international donne le Raja, trois fois la Ligue des champions, vainqueur.

Qu’importent les chiffres, pour les supporters du Raja ou du WAC, leur club est indiscutablement le meilleur du pays. Et le derby, l’occasion de réaffirmer cette supériorité, ou de souffrir d’un amour tant inconditionnel en cas de contre-performance.

Le WAC dans la tourmente

Cette saison, le Raja peut se présenter confiant. Après un début de championnat catastrophique, les Aigles se sont envolés pour atterrir à la deuxième place de la Botola à la veille du derby.

Trajectoire inverse pour le WAC, auteur d’un début de championnat canon, mais durement touché par sa défaite en finale de la Ligue des champions, début novembre. Depuis cette finale, le WAC n’a remporté qu’une seule rencontre, lors de l’avant-dernière journée face au Chaba Hoceima, avant de rechuter face à l’Hassania Agadir.

Cet enlisement du Wydad fait fleurir les rumeurs d’un licenciement de Michel Decastel. L’entraîneur des Rouge et Blanc aurait son destin lié au résultat obtenu lors du derby. En conflit avec une partie de son effectif, le coach helvète n’a pas hésité à séparer du groupe Fabrice Ondama, et Ayoub El Khaliki.

Pour retrouver une dynamique positive, les dirigeants du WAC ont entamé le mercato hivernal tambour battant, en recrutant Bakary Koné de l’ASEC Mimosas, et le milieu récupérateur de l’OCK, Bakr El Hilali.

Pour sa part, le Raja est aussi allé faire son marché à l’ASEC Mimosas, pour débaucher Adama Bakayoko. Ces trois joueurs devraient pouvoir être alignés dès samedi pour connaître un baptême du feu en bonne et due forme.

En crise, le WAC occupe toutefois une position encore décente, la cinquième, grâce aux points accumulés en début de saison. En cas de victoire, les hommes de Michel Decastel rejoindraient d’ailleurs le Raja. Et les Rouge et Blanc ont encore un match en retard à disputer… En revanche, une défaite et le WAC pourrait sans doute déjà dire adieu à ses espoirs de titre.

Enfin, un match nul ferait surtout l’affaire du leader, le FUS Rabat, qui distance déjà de dix longueurs le Wydad, et de sept le Raja. Si les yeux des Marocains seront braqués sur Casablanca samedi, c’est peut-être à Rabat que le coup de sifflet final fera le plus d’heureux…

Thomas Goubin

Thomas Goubin