France. «L’Europe n’est plus un choix, c’est une nécessité»

 France. «L’Europe n’est plus un choix, c’est une nécessité»

Nicolas Sarkozy a défendu l’euro qui mérite selon lui une « solidarité sans faille ». Photo Eric Feferberg / AFP.

Devant plusieurs milliers de spectateurs, le chef de l’État a prononcé hier jeudi à Toulon un long discours sur l’Europe. Sans annonces concrètes et occultant complètement son bilan, le candidat Sarkozy a rappelé la nécessité d’une convergence accrue avec l’Allemagne.

Devant 5 000 personnes, élus, chefs d’entreprises ou simples citoyens, le président a tout de suite annoncé la couleur, « Je dis la vérité aux Français ».

Pourtant, le 25 septembre 2008, dans cette même salle du Zénith, Nicolas Sarkozy avait promis qu’il réformerait le capitalisme. Hier jeudi, il a reconnu à demi-mot son échec : « C’est la crise de la dette privée qui se prolonge en crise de la dette publique. C’est la même crise qui, après avoir frappé les banques, frappe les États ».

Brandissant la « peur » en toile de fond, le chef de l’État a accusé la crise d’avoir entraîné l’accélération de certaines réformes, « La réforme des retraites ne pouvait plus être différée ».

Une crise qui l’a contraint à faire des choix économiques drastiques. Et maintenant chacun va devoir « répondre à la crise par le travail, par l’effort et par la maîtrise de nos dépenses ».

Il n’a pas hésité à revenir sur une de ses mesures phares : son « travailler plus pour gagner plus » a laissé la place à un : « Entre gagner moins et travailler davantage, je suis convaincu que la deuxième solution est préférable ». Donc, privilégier les heures supplémentaires cumulées aux créations de postes.

Pour les fonctionnaires il l’a annoncé sans sourciller : « Il faut continuer à réduire les effectifs de la fonction publique en maintenant la règle du non renouvellement d’un départ sur deux à la retraite ».

Vers un nouveau traité européen

« L’Europe n’est plus un choix, c’est une nécessité », a lancé le président. Avant une rencontre décisive avec Angela Merkel prévue lundi, il a vanté les bienfaits du « choix de la convergence » avec l’Allemagne. Il a réaffirmé que cette voie était la seule à suivre, « Revenir sur cette stratégie serait absolument impardonnable ».

Il a ensuite tenté de rassurer ceux qui l’accusent d’abandonner la souveraineté au profit des institutions européennes. « La souveraineté ne s’exerce qu’avec les autres (…), l’Europe, c’est davantage de souveraineté parce que c’est davantage de capacité à agir ».

Nicolas Sarkozy a défendu l’euro qui mérite selon lui une « solidarité sans faille » avant de promettre : « Il doit être clair que ce qui a été fait pour la Grèce, dans un contexte très particulier, ne se reproduira plus, qu’aucun Etat de la zone Euro désormais ne sera mis en défaut ». Un message rassurant adressé aux marchés financiers.

Enfin, il a appelé de ses vœux un nouveau traité européen, qui imposerait « plus de discipline, plus de solidarité, plus de responsabilité assumées devant les peuples ».

Attaques contre le PS

Nicolas Sarkozy s’en est pris aux socialistes à nombreuses reprises, dans une allocution qui ressemblait bien souvent à un meeting électoral. Il les a accusés de « mentir gravement » en contestant sa réforme des retraites. Puis il a envoyé un tacle à Arnaud Montebourg et sa « VIe République qui ne serait qu’un retour aux marchandages de partis et n’aiderait pas la France à mieux maîtriser son destin ».

Il a ensuite critiqué la proposition PS/EELV de supprimer le droit de veto des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, dont la France, « une faute invraisemblable ».

Sur les 35 heures, il a parlé de « faute grave » accusant la gauche d’avoir choisi une politique « qui a échoué partout dans le monde ».

Il a enfin terminé sous un tonnerre d’applaudissements en dénonçant « une minorité qui voudrait profiter du système sans assumer sa part du devoir » avant de réserver un dernier clin d’œil aux électeurs du FN. « Je n’accepterai pas une immigration incontrôlée qui ruinerait la protection sociale » et « déstabiliserait notre pays ».

Pas besoin d’attendre son annonce officielle, le président est bel et bien en campagne.

Jonathan Ardines

Jonathan Ardines