France. Toulouse, après la traque, l’instrumentalisation

 France. Toulouse, après la traque, l’instrumentalisation

Quelques heures après la mort de Mohamed Merah


Hier mercredi, vers 11h30, Mohamed Merah est mort après plus de 30 heures de siège. Depuis, la polémique ne cesse de gonfler. L’UMP accuse le PS d’instrumentaliser le drame de Toulouse. (Photo AFP)




 


Au bout d’une semaine interminable, le meurtrier a fini par mourir les armes à la main. Mohamed Merah, retranché et armé jusqu’aux dents, a pris une balle dans la tête, hier peu après 11h30, suite à l’intervention des hommes du Raid.


Depuis, chaque candidat tente de s’emparer de la tragédie et d’être le plus prompt à réagir. À un mois de l’élection présidentielle, il y aura un avant et un après Toulouse. Chacun l’a compris et tente de tirer la couverture vers lui.


 


Sarkozy dégaine des mesures… électorales


Moins de deux heures après la mort de Mohamed Merah, Nicolas Sarkozy apparaît tendu à l’Élysée. Sans doute agacé par la polémique naissante sur la responsabilité du gouvernement français, le chef de l’État décide, comme à son habitude, d’annoncer des mesures.


« Toute personne qui consultera de manière habituelle des sites internet qui font l’apologie du terrorisme ou qui appellent à la haine et à la violence sera punie pénalement », lance-t-il. Pareil pour ceux qui iront à l’étranger suivre des « travaux d’endoctrinement ».


Jusque là rien d’étonnant. Mais pour pouvoir mettre en place de telles mesures, il faut un vote parlementaire. Hors le parlement ne votera plus aucune loi jusqu’aux élections législatives. Le chef de l’État était donc là dans le rôle du candidat. La campagne n’a pas mis beaucoup de temps à repartir.


 


L’UMP accuse François Hollande d’instrumentalisation


La trêve a été de courte durée. Invité de Jean-Jacques Bourdin sur RMC, le candidat socialiste a répondu au mail d’un auditeur qui évoquait les dangers supposés de l’immigration. « C’est là qu’on voit un certain nombre d’esprits chavirés, bousculés par des thèses qui, au départ, n’ont l’air de rien lorsque l’on met en cause l’étranger, qui finissent par se retourner contre les Français eux-mêmes ».


Une accusation à demi-mot qui a fait bondir les membres de l’UMP. Bruno Beschizza, membre du parti présidentiel s’est fendu d’un communiqué où il reproche au candidat PS « d’accuser le sommet de l’État d’avoir une responsabilité dans ce drame ».


Hasard du calendrier, le Figaro publiait une interview de Jean-François Copé qui se disait outré par les propos du PS : « Face à ce drame, j’invite François Hollande et ses alliés Verts à garder la dignité qui convient ».


Hier, lors de son point presse, le secrétaire général de l’UMP a lâché les chiens : « Nous avions considéré, les uns et les autres dans notre famille politique, que cette période commandait d’éviter la polémique, les amalgames, et toute tentative d’instrumentalisation. Un certain nombre de candidats à l’élection présidentielle n’ont manifestement pas respecté ce temps de deuil ».


Rachida Dati, invitée de RMC, a jugé « indécent » que François Hollande puisse s’exprimer avant le chef de l’État hier midi après sa déclaration.


 


L’UMP avait prévu son coup


Mercredi, après deux jours de suspension de la campagne, trois communiqués atterrissent les uns après les autres dans les boîtes e-mail des journalistes. Le camp présidentiel attaque Hollande et Le Pen, accusés « d’instrumentaliser à leur profit politicien ce drame », dénonce Valérie Rosso-Debord.


Pendant que tout se joue à Toulouse, les membres de l’UMP accumulent les éléments contre le PS. Hier, lors de son point presse, Jean-François Copé a énuméré tous les passages de François Hollande et tous les extraits des blogs de Jean-Christophe Cambadélis et de Marie-Noëlle Lienemann.


Une riposte bien préparée puisque la porte-parole du président, Nathalie Kosciusko-Morizet balançait ensuite un communiqué au titre évocateur, « Petites phrases, petites frappes et petits calculs ». En fin de journée, l’UMP est allée jusqu’à poster une vidéo sur Internet. Son titre, « L’indécence, c’est maintenant ».


Pendant ce temps, François Bayrou et Marine Le Pen peinent à exister. Seul Jean-Luc Mélenchon qui a fait le choix de ne pas instrumentaliser le drame continue de marquer des points.


Une chose est certaine. Il y aura bien un avant et un après Toulouse dans cette campagne.


Jonathan Ardines




 

Jonathan Ardines