France. Ziad Takieddine, « l’ami encombrant »

 France. Ziad Takieddine, « l’ami encombrant »

Ziad Takieddine revient sur le devant de la scène avec un livre


L’homme d’affaires libanais a publié hier jeudi un livre intitulé « L’ami encombrant ». Il s’y présente comme un « bouc émissaire », défend Nicolas Sarkozy et fait état des nombreuses affaires qu’il a conclues avec l’homme de confiance du président, Claude Guéant.




 


Son nom avait animé la fin d’année dernière. Il avait donné des sueurs froides au clan Sarkozy. Ziad Takieddine revient sur le devant de la scène avec un livre, « L’ami encombrant ». L’homme d’affaires libanais s’en prend d’abord au juge Renaud van Ruymbeke qui, selon lui, voudrait sa « peau ».


Dans un long entretien accordé à l’AFP, M. Takieddine affirme que les juges van Ruymbeke et Roger Le Loire, qui l’ont mis en examen dans le volet financier de l’enquête Karachi, « instrumentalisent l’affaire et la presse contre l’Elysée à l’approche de la présidentielle ». L’homme d’affaires a même réclamé que les deux magistrats soient dessaisis de l’enquête.


Dans son livre, il défend bec et ongles le président de la République, victime selon lui d’un complot : « Un certain Nicolas Sarkozy songe très fort à se faire réélire, un certain juge considère cette perspective comme une abomination. Il va donc, avec d’autres magistrats, essayer de prouver que Sarkozy, en raison de l’argent pakistanais tombé dans les poches des balladuriens, aurait contribué « à l’insu de son plein gré » à l’attentat de 2002 à Karachi ». Tout au long de son livre, il réfutera avec force la thèse du financement politique.


 


Rien avant Chirac


Quelques pages plus loin, M. Takieddine va jusqu’à affirmer que rien ne se passait quand Edouard Balladur était premier ministre. Il nie avoir joué un rôle dans le contrat d’armement Agosta conclu entre la France et le Pakistan en 1994. Un contrat que les juges étudient à la loupe. Ils soupçonnent Edouard Balladur et son équipe d’avoir reçu des rétrocommissions pour financer leur campagne.


Il reconnaît par contre son intervention dans le contrat Sawari II signé avec l’Arabie Saoudite la même année. Ziad Takieddine va même jusqu’à dire que c’est grâce à lui que les discussions ont pu aboutir.


À part ça, il le jure, il ne s’est rien passé sous Balladur. Tout aurait démarré quelques mois plus tard « sous Chirac ». Juste après la victoire à la présidentielle de 1995 de Jacques Chirac, « le détournement illégal des commissions » a commencé à voir le jour.


On a quelque peine à croire l’homme d’affaires qui, pour le coup, semble défendre de tout son poids le président Sarkozy qui était le bras droit d’Edouard Balladur à l’époque.


 


Avec Guéant, les « affaires étaient monnaie courante »


Mais c’est quand on pense qu’on ne découvrira finalement pas grand chose que le contraire se produit. L’homme d’affaires libanais se décide à faire quelques révélations sur ses liens d’amitié et d’affaires avec l’actuel ministre de l’Intérieur.


Alors que jusque-là, il s’efforçait de préserver le clan Sarkozy, Ziad Takieddine n’épargne pas Claude Guéant. Selon lui, le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy à l’époque, aurait servi d’intermédiaire avec plusieurs régimes proches-orientaux et arabes comme celui de Bachar al-Assad en Syrie. « Avec lui, les affaires étaient monnaie courante », affirme-t-il.


« De 2003 à 2010, nous ne nous sommes jamais quittés de vue. Que ce soit pour le contrat Miksa (énorme marché avec l’Arabie Saoudite), la prise de contact avec Kadhafi ou les grandes manœuvres en Syrie et au Liban, il ne se passait pas de semaines sans que je prenne contact avec l’homme de confiance de Nicolas Sarkozy », écrit-il.


Jonathan Ardines




 

Jonathan Ardines