Le Maroc affiche son ambition pour l’agriculture biologique

Professionnels et particuliers manifestent de plus en plus d’intérêt pour les produits issus de l’agriculture biologique. L’Etat veut encourager le mouvement.

On a cru pendant longtemps que les produits biologiques étaient réservée aux pays riches. Les choses sont peut être en train de changer si l’on en croit la multiplication des projets dans ce domaine, notamment au Maroc. Dernier signe en date : l’ouverture à Casablanca d’une boutique La Vie claire. L’enseigne française de magasins de produits biologiques, qui compte déjà 209 points de vente dans l’Hexagone, compte se développer dans tout le pays.

D’autres initiatives voient le jour sur le terrain. Ainsi, des exploitants agricoles se mettent à l’agriculture biologique dans le cadre, ou non, d’une certification. Dans la région de Salé, une association – Swani Tiqa – a mis en place un réseau de partenariat entre des consommateurs et des petits agriculteurs : les premiers s’engagent à acheter la production des seconds pendant toute l’année. Le principe, connu en France sous le nom d’Amap (association pour le maintient d’une agriculture paysanne), permet une amélioration des revenus des paysans et une régularité de leurs revenus. Ces conditions permettent aussi aux agriculteurs de se former et de s’orienter vers des modes de production respectueux de l’environnement.

Au niveau de l’Etat, la volonté de développer ce type d’agriculture est clairement affichée. En marge du salon de l’agriculture de Meknès en avril dernier, le ministère de l’Agriculture a annoncé un programme d’aide aux professionnels de la filière biologique pour développer leur secteur d’activité. L’Etat mobilisera près de 100 millions d’euros pour prendre en charge les frais inhérents à la conversion des zones cultivées en agriculture biologique, à la formation, à la commercialisation des produits et à leur promotion. En outre, une loi est en préparation pour réglementer l’appellation « bio ». L’idée consiste à parvenir à un cahier des charges qui permette aux produits marocains authentiquement bio d’être reconnus comme tels sur les marchés d’exportation. Aujourd’hui, ceux qui veulent faire certifier leurs produits s’adressent à des organismes étrangers installés sur place et appliquant la réglementation de la zone d’exportation.

Plusieurs interrogations demeurent, notamment en ce qui concerne le marché intérieur dont on ignore la taille actuelle et ses possibilités de croissance. L’agriculture biologique est encore très modeste dans le pays. On estime à 4.000 hectares les surfaces cultivées, auxquels il faut ajouter plusieurs centaines de milliers d’hectares d’arganiers sauvages. L’objectif est de multiplier par 10 les surfaces en culture d’ici 2020. Peut-on produire bio en limitant les coûts de production afin de permettre au plus grand nombre d’accéder à l’alimentation biologique ? Comment former les paysans à ces nouvelles façons de cultiver ? Comment faire connaître les produits biologiques aux consommateurs qui ignorent souvent de quoi il s’agit ? Des questions qui sont autant de défis posés aux acteurs de cette nouvelle façon de cultiver.

 

Cyril Bonnel