Le Maroc mécontent de la décision du Parlement européen

 Le Maroc mécontent de la décision du Parlement européen

Aziz Akhannouch

Vexé ? Non. Le Maroc n’est pas affligé par la décision du Parlement européen d’annuler la prorogation de l’accord de pêche. Il n’a d’ailleurs jamais été demandeur de cette prolongation. Il n’empêche qu’il a exigé le départ immédiat de tous les navires européens suite à la décision de la Commission Européenne.

Contrairement à ce qui peut être dit, le rejet de l’accord se basait sur des raisons économiques et environnementales et non en rapport avec la question du Sahara marocain. Selon le Finlandais Carl Haglund, il existait une inadéquation des termes de l’accord qui engendrait des coûts élevés pour l’Europe, sans que cela ne se répercute favorablement sur le secteur local de la pêche.

Pour toute réponse, le Maroc a exigé le départ de tous les navires de pêches européens des eaux nationales. Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, il a été clairement été dit qu’ « aucune activité de pêche de la flotte européenne ne sera tolérée et tous les bateaux opérant dans le cadre de l’accord sont invités à quitter les eaux territoriales nationales mercredi avant minuit ».

Ce ne sont pas les pêcheurs européens qui jubilent en ce moment. A cause de cette annulation de prorogation qu’ils avaient eux-mêmes demandée, ils se voient privés par leurs propres officiels d’opérer dans les eaux marocaines jusqu’au 27 février, comme il était convenu. 119 navires de pêche, dont cent espagnols devront plier filets et regagner leurs ports d’attache.

Ce n’est pas définitif

Ce n’est certes pas une décision définitive, ou une rupture totale, mais une reformulation des termes du contrat que le Parlement européen propose. Il a d’ailleurs exigé immédiatement de la Commission Européenne de travailler sur le nouvel accord qui pourrait être plus bénéfique matériellement pour les deux pays et respectueux du point de vue environnemental pour le capital halieutique du Maroc.

Mais le Maroc, souvent très souple et même très permissif vis-à-vis de ses clients européens ne voit pas du bon œil ce changement brutal d’avis. Une décision d’autant plus lunatique que c’est l’Europe qui était en demande de prorogation.

Une réévaluation globale du partenariat Maroc-UE devrait avoir lieu, afin de lever le malentendu qui fait croire à l’UE à la faiblesse et à la dépendance économique du Maroc. Le secteur halieutique en particulier se porte très bien au Maroc et ne manquera pas de clients au cas où le partenariat est définitivement interrompu.

Aziz Akhannouch, l’actuel ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime, a qualifié de regrettable le vote du Parlement européen, en précisant que le Royaume portera le secteur halieutique par ses propres moyens. Il a ajouté qu’une telle situation peut même être bénéfique pour le Maroc qui peut se tourner vers ses entreprises ou faire valoir d’autres partenariats avec d’autres pays.

L’UE, elle, ne veut rien entendre. Il lui est vital de continuer les négociations. « Nous restons déterminés à poursuivre le dialogue avec le Maroc sur les questions de pêche et avons pris bonne note de la demande du Parlement européen à la Commission de faire avancer les négociations sur un nouveau protocole », a déclaré à la MAP, Maja Kocijancic, porte-parole de Catherine Ashton, Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité.

Fedwa Misk

Fadwa Miadi