Maroc – Législatives 2011, la grande inconnue

 Maroc – Législatives 2011, la grande inconnue

Plus de 5 000 personnes ont manifesté en réponse à l’appel du Mouvement du 20 février et ont appelé au boycott des législatives. Photo Abdelhak Senna / AFP.

L’élan de réforme qui a suivi le référendum sur la Constitution marocaine s’est rapidement essoufflé, laissant sur leur faim de larges franges de la population. Celles-ci appellent clairement au boycott des élections anticipées devant se tenir ce vendredi 25 novembre. Pour ne rien arranger, l’appel au boycott a été relayé par plusieurs associations de MRE, mécontents de l’instauration du « vote par procuration ».

« Le peuple rejette les élections », « Je boycotte, donc je suis »,… Ces slogans et bien d’autres étaient scandés dans les rues de Casablanca par plus de 5 000 personnes, sorties manifester en réponse à l’appel du Mouvement du 20 février, issu de la mouvance du Printemps arabe.

Arrestations de militants

A quelques jours des législatives anticipées du 25 novembre, des marches similaires ont eu lieu dans d’autres villes du royaume, dont la capitale Rabat. Prises de court, les autorités marocaines ont réagi de façon « primaire » en procédant à des arrestations dans les rangs du 20 février.

120 militants seraient actuellement derrière les barreaux de manière tout à fait légale, puisque le Code électoral marocain de 1997 est d’une clarté limpide sur ce point : tout appel au boycott est puni d’amendes et d’emprisonnement.

Lors d’un point de presse qui s’est tenu à la suite du dernier conseil de gouvernement, le ministre de la communication marocain, Khalid Naciri, a clairement menacé de sanctions toute personne « qui remettrait en cause la sacralité des urnes »…

Sauf que les Marocains ont de plus en plus de mal à percevoir le caractère « sacré » de cette échéance anticipée. Une campagne électorale où les mêmes figures ressassent un discours remis au gout du jour, essayant de surfer avec plus ou moins de bonheur sur la morosité du contexte économique et social.

Vote sous tutelle pour les MRE

Le scénario de 2011, dont le sort sera scellé vendredi prochain, pourrait s’avérer pire à certains égards. En effet, le pouvoir marocain se retrouve face à une situation inattendue : les appels au boycott proviennent aussi bien de l’intérieur du pays que de la diaspora !

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) se sont insurgés à l’annonce de l’instauration du « vote par procuration », où chacun d’entre eux doit déléguer son vote à un proche résidant au Maroc. Une mise sous tutelle qui n’est pas du goût de beaucoup d’entre eux, plusieurs associations d’immigrés marocains en Europe ayant manifesté leur mécontentement.

Le Forum civil des Marocains d’Europe (FCME), qui regroupe une dizaine d’associations de MRE, a clairement appelé au boycott des élections. Les membres du Forum adressent ce message non seulement aux MRE, mais également à leurs familles restées au pays !

« Il n’existe pas de citoyenneté par procuration » s’indigne Abdou Menebhi, président du Centre euro-méditerranéen de migration et de développement, lors d’une conférence organisée dans la capitale Rabat.

Officiellement, c’est par manque de moyens et de logistique que les MRE ne pourront pas voter par eux-mêmes vendredi prochain. Des explications peu convaincantes puisque d’autres associations de MRE ont emboîté le pas au FCME en appelant au boycott.

Pour de larges franges de la population marocaine, immigrés et résidents confondus, la donne électorale est faussée d’avance et y participer reviendrait à perdre son temps.

Ce qui ravive la crainte des partis politiques face à un fort taux d’abstention, répétant ainsi le scénario des législatives de 2007 et son taux de participation d’à peine 37% !

Zakaria Boulahya

Zakaria Boulahya