Maroc. Les femmes prennent le pouvoir

 Maroc. Les femmes prennent le pouvoir

Il semblerait qu’il y ait une volonté des plus hautes instances de l’Etat de mettre en évidence les compétences féminines du pays. Photo Abdelhak Senna / AFP.


Dans le public comme dans le privé, plusieurs nominations se succèdent et confirment la volonté des plus hautes instances de l’Etat de mettre en évidence les compétences féminines du pays… en attendant un probable remaniement ministériel.




 


Lors de la nomination du dernier Gouvernement, nommé en janvier dernier, on avait reproché l’absence de femmes… Une seule femme, en effet, figurait au sein d’un gouvernement de 30 ministres. Une situation qui avait, rappelons-le, provoqué de vives réactions dans l’opinion publique et auprès de nombreuses associations.


Il semblerait que depuis, aussi bien dans le public que dans le privé, plusieurs femmes soient en train d’être nommées à la tête de grandes institutions. C’est notamment le cas d’Amina Lemrini El Ouahabi qui vient d’être nommée par le Roi Mohammed VI à la tête de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle.


Cette nomination intervient après que l’Autorité ait été hissée au rang d’institution constitutionnelle pour renforcer son indépendance et sa neutralité et lui permettre ainsi de continuer de s’acquitter des missions qui lui incombent, en l’occurrence veiller au respect de l’expression plurielle des courants de pensée et d’opinion, garantir l’indépendance de tous les médias, publics et privés, et assurer la régulation et la modernisation du secteur audiovisuel national.


 


Des femmes de tête


Militante de la première heure, Amina Lemrini El Ouahabi compte parmi les membres fondateurs de l’Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM) et de l’Organisation Marocaine des Droits de l’homme (OMDH) et était membre du Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH). Très active au sein du mouvement associatif marocain pour l’émancipation de la femme, elle s’est aussi intéressée aux questions de l’enfance.


Autre femme leader, Meriem Bensalah Chaqroun qui, sauf grande surprise, devrait être la première femme marocaine à diriger la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), cette entité fondée il y a près de 65 ans, le 16 mai prochain, jour de l’Assemblée Générale élective du patronat.


La directrice générale des Eaux minérales d’Oulmès est candidate unique au poste de président de la CGEM, après le retrait des autres postulants qui, à l’instar du président sortant, Mohamed Horani et Abdelilah Hifdi, ont préféré se retirer de la course pour laisser Meriem Bensalah Chaqroun briguer le prochain mandat.


Bien qu’il s’agisse d’une entité privée, ce n’est un secret pour personne dans le microcosme économique que la nomination du président de la CGEM est soumise à l’approbation du Palais.


 


Un manque à pallier


Dans une toute autre sphère, le Roi Mohammed VI vient de nommer 10 walis et 30 gouverneurs à l’administration centrale et territoriale du ministère de l’Intérieur. Ces nominations s’inscrivent dans le cadre du souci du Roi de consacrer la bonne gouvernance locale, d’assurer la mise en œuvre effective de la politique de proximité et de réaliser le développement régional intégré. La liste officielle n’est pas encore annoncée, mais il circule que des femmes y figurent.


« Il s’agit de nominations fortes, très symboliques qui viennent en quelque sorte pallier le manque de femmes au gouvernement. Car l’Action et le Pouvoir ne se situent pas qu’au sein du Gouvernement mais aussi dans toutes les grandes instances du pays », souligne un observateur averti.


Et selon des proches du Sérail, d’autres nominations sont attendues dans les prochaines semaines. De même, dans certains partis politiques, il semblerait que des femmes vont être propulsées dans les instances dirigeantes et les bureaux politiques.


C’est notamment le cas au RNI qui vient de réélire Salaheddine Mezouar à sa tête et qui va tenir demain samedi l’élection de son nouveau bureau. Des noms circulent comme celui de Boutayna Iraqui Houssaini ou encore Mbarka Bouaida… Au MP, également, on parle de Hakima Haiti.


« On a l’impression qu’il y a une prise de conscience générale de l’erreur qui a été faite lors de la nomination du dernier gouvernement. Sa Majesté a donné l’exemple, les autres suivent à présent », ajoute notre observateur.


Et selon des sources bien informées, un remaniement ministériel serait prévu d’ici l’été et plusieurs femmes feront leur entrée au gouvernement. Une belle manière de rétablir l’équilibre et mettre en évidence les compétences féminines du pays.


Ahlam Jebbar




 

Ahlam Jebbar