Plainte pour « génocide »: explication de texte

 Plainte pour « génocide »: explication de texte

Hala Abou Hassira, ambassadrice de la Palestine en France, s’adressant aux journalistes à l’occasion d’une conférence de presse, le jour où se tient la première audition dans le cadre de la saisie de la CIJ par l’Afrique du Sud. Photo : Aziz Cherkaoui

C’est les traits tirés et le ton grave que l’ambassadrice de Palestine en France s’est adressée aux rares journalistes ayant répondu à l’invitation de la chancellerie pour en savoir plus sur « la plainte déposée par l’Afrique du Sud contre l’État d’Israël ». Le jour choisi (le 11 janvier) n’est pas fortuit : pour Hala Abou Hassira, ambassadrice de la Palestine en France, il était important de s’adresser aux journalistes au moment où se tenait la première audience dans le cadre de la saisie de la Cour Internationale de Justice par l’Afrique du Sud. 

 

« Une plainte qui transcende le cadre juridique. Elle est un appel à l’humanité pour reconnaître et agir contre les atrocités subies par le peuple palestinien. C’est un pas vers la paix, ancré dans la justice et la dignité humaine », rappelle la responsable palestinienne.

Elle-même meurtrie par la perte d’un grand nombre de membres de sa famille, la cheffe de mission de la Palestine en France avait évoqué le 5 novembre dernier l’indicible sur le réseau social X : « On vient d’enterrer trente de mes cousins et cousines, leurs enfants et petits-enfants. Vingt-huit sont toujours sous les décombres !» 

C’est pour cela que le ton du communiqué publié à l’issue de cette conférence de presse ne fait pas dans l’équivoque : « le génocide perpétré par Israël contre la bande de Gaza en 2024 restera gravé comme une cicatrice profonde dans la mémoire de l’humanité. La communauté internationale a été spectatrice des horreurs endurées par le peuple palestinien depuis des décennies sans prendre les mesures nécessaires pour y mettre un terme. Le bilan des morts ne cesse de s’alourdir, dépassant les 23 210 morts et 59 167 blessés en l’espace de 98 jours.

« Ces chiffres, bien au-delà de simples statistiques, donnent à voir la tragédie humaine d’une ampleur incommensurable en cours sur la Bande de Gaza. La majorité des victimes, parmi lesquelles figurent des femmes, des adolescents et des enfants, mettent en lumière la brutalité et l’inhumanité de la guerre menée par Israël contre la Bande de Gaza. Les chiffres sont glaçants, 1 Palestinien meurt toutes les 6 minutes, nous comptons à ce jour au minimum 7 729 enfants tués. »

La représentante de la Palestine parle d’une crise humanitaire sans précédent, surtout au moment où l’Organisation mondiale de la Santé, devant l’extrême détérioration du système de santé et l’incapacité à répondre aux besoins médicaux urgents, avoue son impuissance à intervenir à Gaza.

C’est pour cela que l’ambassadrice considère que la récente plainte déposée par l’Afrique du Sud contre Israël pour des actes qualifiés de génocide à Gaza, fondée sur des preuves irréfutables, ne relève pas simplement d’une question de droit, mais d’un devoir moral, véritable cri pour l’humanité face à l’indicible souffrance des Palestiniens.

« C’est le moment d’agir et de lever l’impunité d’Israël, de rendre justice au peuple palestinien. Un cessez-le-feu durable doit être imposé sans délai. Il en va de la responsabilité juridique et morale de la communauté internationale, du Conseil de sécurité des Nations unies, d’agir pour faire cesser ces massacres. L’État de Palestine prendra toutes les mesures possibles pour mettre fin au génocide en cours et s’assurer de la responsabilité devant la Cour Internationale de Justice de ces responsables », a martelé Hala Abou Hassira.

Il faut reconnaître que l’initiative de l’Afrique du Sud, conforme aux principes du droit international, incarne un espoir de paix et de dignité pour beaucoup de pays, comme en témoignent les réactions de nombreuses nations et organisations non gouvernementales (ONG).

Beaucoup de pays, tels que la Bolivie, le Venezuela, l’Indonésie, le Nicaragua, la Colombie, le Brésil ou encore l’Iran, ont soutenu la plainte déposée par l’Afrique du Sud.

Même la Belgique, par le biais de sa vice-première ministre, Petra De Sutter, a dénoncé le silence de la communauté internationale face à la menace de génocide brandie par Israël à Gaza : « La Belgique ne peut se contenter d’assister en spectateur aux souffrances interminables de la population de Gaza. Nous devons agir contre la menace de génocide. Je souhaite que la Belgique suive l’exemple de l’Afrique du Sud et intente une action devant la Cour internationale de justice. Je ferai cette proposition au gouvernement belge ».

 

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Aziz Cherkaoui