TED se déchaîne à Rabat

Une salle archicomble par une suffocante journée d’été, des centaines d’yeux rivés sur le podium et un silence solennel.  Nous ne sommes pas à la messe, mais à un événement particulièrement sollicité de par le monde. Le Tedx a fait des siennes à la Bibliothèque Nationale de Rabat comme il l’aurait fait à Boston, à Porto Alegre ou aux Maldives. À la sortie de la salle, un rafraichissant vent d’espoir balayait les visages.

Tedx, kesako ?

Lancé en 1984, par l’architecte et infographiste Richard Saul Wurman, Le TED (acronyme de Technology Entertainment Design) est un Show proposant des interventions de personnages aux parcours exceptionnels et aux idées novatrices. Ainsi, de futurs prix Nobel, des chercheurs, des intellectuels et des artistes enchainent des interventions de 18 minutes chacune, devant un public solennel. Objectif : émouvoir, impressionner et bousculer les conformismes.

Longtemps considéré comme le secret le plus gardé de la Silicon Valley, TED ne faisait profiter qu’une élite triée sur le volet, au prix de quelques milliers de dollars. Il ne s’agissait pas tant de partager un secret que de stimuler l’assistance par quelque histoire de succès phénoménale aux débuts titubants, voire complètement ratés. Al Gore, Steve Jobs, Bill Gates et James Cameron se sont lâchés sur le podium de TED.

La démocratisation de l’événement TED a donné lieu à une diffusion spectaculaire. Le principe s’est propagé comme un feu de paille pour couvrir tous les continents. Au Maroc, on en est à la deuxième édition déjà, après celle de Casablanca. Dans les couloirs de la Bibliothèque Nationale, des gens venus de Casablanca, de Fès, de Tanger, de Marrakech et d’Agadir.

Tedx Rabat, des hommes et des idées

S’il y a bien quelqu’un qui peut séduire une assistance, l’émouvoir, la faire rire et la motiver, c’est bien la magnifique Aïcha Ech-Chena. Son parcours, sa lutte quotidienne et ses aspirations toujours grandissantes, même après la douloureuse épreuve d’un cancer du sein, ont reçu les applaudissements mérités du public présent.

La rage de se battre, c’est ce que nous apprenons de l’intervention du jeune Ismail Bennesser Alaoui, le chercheur… de boulot ! Frédéric Gallemand, lui, nous donne une leçon de persévérance, ayant combattu les statistiques sociales qui le prédisposaient à échouer, ou du moins à ne jamais connaître de grands succès.

L’amour peut vous changer une vie. Et ce n’est pas Dr Yasser Medkouri qui va nous contredire. Lui qui a sacrifié 14 ans de médecine pour cultiver amoureusement une microalgue vieille de 3,5 milliards d’années.  Bouchra Baibanou, éprise des sommets, nous a raconté sa passion pour l’alpinisme.

Younes Duret est un jeune designer franco-marocain très fier de ses origines. Il marie d’ailleurs très bien la fonctionnalité européenne à l’esthétique marocaine, pour se défaire des limites imposées à sa créativité. Le résultat n’en est que plus spectaculaire !

Ahmed Abbadi, le sociologue et théologien, et Adnan Addioui, un jeune entrepreneur social, ont consacré leur intervention à démontrer que le changement est possible à partir du moment où la volonté est franchement établie.

Adil Douiri, l’ex Ministre du Tourisme, a préféré nous faire, avec du recul, un topo sur la stratégie du Tourisme sur laquelle il a travaillé, en mettant le doigt sur la nécessité d’inscrire l’action dans le temps et de ne pas céder avant de voir les premiers fruits de ces grandes et très longues entreprises.

A la fin du TEDx, des invitations ont été lancées aux TEDx Fès et Marrakech. Le succès de cette édition augure déjà d’un résultat similaire dans les deux villes.

Un événement pareil, on en voudrait davantage pour nous inculquer des valeurs telles que la persévérance, la lutte et le rêve.  On en sort forcément différent… grandi.

Fedwa Misk

Fadwa Miadi