Tunisie/Elections. Le Pôle moderniste fait campagne à Paris

« Il faut que les Tunisiens se rendent compte que l’enjeu est énorme. À travers cette constitution, on va choisir un modèle de société », soulignent d’une seule voix les candidats. Ce mardi soir, le Pôle Démocratique Moderniste (PDM) a investi une petite salle du XVIIIème arrondissement de Paris. Ce Pôle est lé résultat d’une coalition réunissant 15 partis. Le parti Ettajdid, qui avait présenté un candidat face à Ben Ali en 2004 et 2009 mais aussi des petits nouveaux comme le parti Républicain ou les Indépendants.

Ici ni strasses ni paillettes. Une trentaine de personnes, sympathisants ou militants pour la plupart ont fait le déplacement.

Malek Thabet partage certaines valeurs que porte le parti et vient ici pour s’informer. Pour lui, un seul mot d’ordre, empêcher les islamistes de l’emporter : « Si les islamistes tiennent le pouvoir, avec une constitution qui dit que la religion est musulmane, alors on peut assister à de gros débordements. Se retrouver dans le cas de l’Arabie Saoudite ou pire, des talibans, » rajoute-t-il.

Abdeljawad Jounaïdi, porte-parole d’Ettajdid abonde dans ce sens : « Il faut faire bloc. Nous devons avoir une séparation claire entre l’Etat et les religieux. »
Des moyens dérisoires
La situation actuelle inquiète les candidats réunis ce soir. Depuis quelques temps, le paysage politique s’est obstrué. Tout le monde reçoit son visa et de nombreux partis fleurissent. Pour lui : « ces partis profitent de ressources financières illégales pour financer leur campagne alors que ça a été interdit. »

Le PDM l’annonce haut et fort, « nous n’avons aucune ressource, tout l’argent vient de notre poche ». Mais pas question de se tourner les pouces. Leila Sakka, troisième sur la liste l’explique : « Nous allons dans tous les quartiers où la communauté tunisienne est forte » avant de faire part de l’incompréhension générale : « les personnes que nous croisons nous disent qu’ils n’ont aucune idée de qui est candidat. Pour la plupart, ils ne savent pas quand se déroulent les élections. ».

Avec une centaine de militants sur la circonscription France nord, plus grande à elle seule que la Tunisie, la tache paraît compliquée.

Avenir pour les Tunisiens de France

Medhi Benzarti, 4ème sur la liste, évoque l’avenir des Tunisiens expatriés : « La population vivant ici fait parti intégrante du pays. Ils doivent pouvoir influer les changements du pays, avoir le droit de rentrer au gouvernement et être représentés à l’assemblée». Les propositions se précisent. Le parti veut « faciliter les démarches administratives, créer une instance qui sera en charge des Tunisiens de l’étranger, et remettre l’apprentissage de l’arabe au goût du jour. »

Un modèle à l’européenne

Pour l’avenir de la Tunisie, M. Jounaïdi détaille les objectifs : « Il faut mettre en place un régime parlementaire élu avec un équilibre des pouvoirs. Le parlement peut déjuger le président et la réciproque s’applique aussi. La constitution doit être la clé de voûte » avant de continuer : « La liberté et l’égalité doivent être au dessus de tout. Les droits fondamentaux de chacun seront inaliénables. »

À l’image de ce qui se fait en France, chaque région possédera son propre conseil régional élu par un corps électoral.

Le parti promet des mesures économiques et sociales immédiates, surtout concernant l’emploi des jeunes. Mais pas question de se faire dicter la loi par les puissants.

Le porte-parole se veut clair là-dessus : « Pour le budget, pas de conditions imposées par le FMI. On décide nous -mêmes. Oui à une aide de solidarité mais pas de diktat. »

D’abord, il va falloir réussir à mobiliser avant les élections (20,21,22 octobre). Voilà déjà un premier défi de taille pour le Pôle.

Jonathan Ardines

Sur la photo, les candidats du Pôle Démocratique Moderniste, circonscription France Nord


Jonathan Ardines