Tunisie – Élections : Mobilisation fleuve au Consulat Général de Paris

 Tunisie – Élections : Mobilisation fleuve au Consulat Général de Paris

Sourire et patience sont de rigueur pour ces nouveaux électeurs

Pour ces premières élections démocratiques, les Tunisiens n’ont pas boudé leur plaisir. Pourtant étalé sur 3 jours (20, 21, 22), le scrutin qui va décider de la future assemblée constituante a attiré en masse pour cette première journée. Sourire et patience sont de rigueur pour ces nouveaux électeurs, trop heureux de pouvoir enfin voter.

Une foule devant le consulat

« Ça me fait tellement plaisir », lâche Ahmed, la cinquantaine, en sortant du consulat. « C’est une fierté, c’est un événement pour tous les Tunisiens », rajoute cet homme qui découvre avec passion les joies du scrutin électoral.

Un peu plus loin, une femme ne cache pas son étonnement devant l’impressionnante mobilisation : « En venant aujourd’hui, je m’étais dit que ça serait plus tranquille, que tout le monde viendrait samedi ». Comme beaucoup, elle est surprise par l’affluence.

Devant le Consulat Général tunisien de Paris, la foule se presse. Encadrés par la police et par une meute de journalistes, les électeurs font la queue jusqu’à… la sortie du métro Iéna, 400 m plus loin. Salim, jeune trentenaire s’en accommode : « Bien sûr que c’est un peu long, mais on est tous ensemble, on discute, on rigole, et puis ça fait monter l’excitation ». D’autres essayent de se faufiler pour doubler tout le monde. Que nenni. Le service de sécurité veille, et les récalcitrants sont invités, dans la bonne humeur, à respecter le « sens de la file ».

Un scrutin très bien encadré

À l’intérieur, les membres de l’IRIE (Instance Régionale indépendante pour les élections) sont au four et au moulin. À l’entrée, trois personnes vérifient que les électeurs potentiels sont bien recensés sur les listes. « Vous pouvez vous diriger vers le bureau numéro 3 », annonce Houda Zekri, membre de l’IRIE à une dame qui s’inquiète : « Je dois encore faire la queue ? », « Nan, nan, vous passez par là (un escalier) et vous y êtes », la rassure-t-elle.

À chaque étage, un agent de sécurité veille à la bonne tenue du scrutin. L’escalier en colimaçon qui mène au bureau 6 ne désemplit pas. L’entrée s’y fait au compte goutte, mais ça n’empêche pas les gens d’arborer un large sourire.

À l’intérieur, le calme règne. Un président et deux assesseurs siègent à une table où ils vérifient les identités de chacun. L’électeur récupère son bulletin, le coche et le plie dans l’isoloir puis le glisse dans l’urne sous l’œil d’observateurs attentifs. Une marque à l’encre indélébile sur l’index pour chaque votant permet d’éviter toutes fraudes éventuelles. « J’ai la double nationalité, donc j’ai l’habitude de voter, mais aujourd’hui c’est une émotion indescriptible que je ressens », nous explique Sarah, étudiante qui a du mal à contenir ses larmes à sa sortie.

Tout le monde a fait le déplacement

Des youyous résonnent dans le hall. Un vieil homme se plaint de devoir « monter et descendre les escaliers », mais soyez sûr qu’il ne laisserait sa place pour rien au monde. Toutes les générations confondues se mélangent. Des pères de familles venus ensemble aux étudiants qui votent « avant d’aller en cours ». Une maman sort, son petit garçon à la main : « J’ai attendu 45 mn pour accéder au bureau de votes, mon fils râlait un peu, mais lui n’aura pas à attendre d’avoir 40 ans pour pouvoir voter ».

Emna Chouikha, benjamine de la liste du Pôle démocratique sur la circonscription France-nord est là. Elle nous livre ses premières réactions : « C’est un tournant dans l’Histoire du pays. Le peuple va enfin choisir ses représentants et peu importe le résultat, c’est déjà une victoire ».

Dehors, le trottoir ne désemplit pas. Les badauds observent d’un œil curieux tandis que les votants se photographient pour marquer l’événement. Ali, 50 ans, scrute l’agitation de l’autre côté de la rue. « Surpris » par l’ampleur, il devra repasser plus tard, rendez-vous professionnel oblige. Mais ce n’est pas quelques personnes qui vont le décourager : « Du temps de Ben Ali je n’avais jamais voté ; aujourd’hui, même si une tempête advient, je viendrai mettre mon bulletin dans l’urne. »

Jonathan Ardines

Jonathan Ardines