« Avant l’humanitaire, la priorité est de trouver une solution politique », Ziad Medoukh, prof de français à Gaza

 « Avant l’humanitaire, la priorité est de trouver une solution politique », Ziad Medoukh, prof de français à Gaza

Ziad Medoukh


Ziad Medoukh est professeur de français à l’université Al Aqsa de Gaza. Il y a quelques jours, lors du premier anniversaire des « marches du retour » quatre Palestiniens sont morts et des dizaines ont été blessés. Nous l’avons joint au téléphone. Il nous raconte.

 


LCDL : Comment est la situation à Gaza ? 



Ziad Medoukh : Elle reste tendue même si il y a une trêve en ce moment entre les factions palestiniennes et l’armée israélienne. Malgré les récentes attaques, la vie continue à Gaza, les écoles, les magasins sont ouverts. Ici, on commence à avoir l’habitude des agressions de l’armée israélienne. 


Qu’est-ce qui manque le plus à Gaza ?


Même si la situation économique est difficile, à cause de la pénurie de denrées alimentaires ou des médicaments, ainsi que les habituelles pannes de courant, la population veut plus que tout une solution politique. 


C’est-à-dire ? 


La population veut la levée du blocus israélien qui dure depuis 2007. Ils sont isolés dans une prison à ciel ouvert. Ils aimeraient, comme tout le monde, pouvoir entrer et sortir du territoire. Ce blocus empêche une continuité géographique avec la Cisjordanie. Je suis professeur et si je veux rencontrer mes amis palestiniens, je dois les voir dans les pays arabes ou en Europe. C’est inadmissible. 


La bande de Gaza est censée être pourtant un territoire autonome ?


Oui, en théorie, mais l’armée israélienne contrôle tout : la mer avec sa marine, la terre avec ses chars et ses bulldozers. A cause des zones tampons et les incursions des soldats israéliens, les agriculteurs ne peuvent même pas s’approcher de leur terre….


Que pensent les Gazaouis de la communauté internationale ? 


Ils ont une piètre opinion d’elle. La ligue arabe, les Etats-Unis, l’Europe laissent faire alors que les violations du droit international commises par l’armée israélienne sont légions.


Alors oui, il faut dissocier les gens des Etats et on apprécie ici beaucoup la solidarité internationale. Seulement, le « problème gazaoui » palestinien n’est pas une question humanitaire. Il y a, c’est vrai, beaucoup de produits qui n’entrent pas à Gaza à cause du blocus israélien mais la population a appris à s’adapter.


Les Gazaouis ne vont pas mourir de faim, leur priorité, je le répète, c’est de trouver une solution politique. Il faut donc que la communauté internationale mette la pression sur Israël pour que le blocus cesse.

Nadir Dendoune