En plein Coronavirus, la mosquée de Stains se prépare pour le Ramadan

 En plein Coronavirus, la mosquée de Stains se prépare pour le Ramadan

Abdelkader Bouaziz


Depuis 2016, Abdelkader Bouaziz est président de l’association ASDIC (Association stanoise en Dialogue pour l’Identité et la Culture). L’ASDIC gère notamment la mosquée de Stains. Alors que le ramadan approche à grands pas (il pourrait débuter le 24 avril), Abdelkader Bouaziz a déjà prévu de mettre en place des idées alternatives pour que « l’esprit de partage de ce mois béni » perdure malgré les difficultés liées au Coronavirus.


Le ramadan approche à grands pas, le confinement ne va-t-il pas rendre compliquée sa pratique ?  


Effectivement, il va falloir faire preuve d'ingéniosité pour permettre à tous les musulmans de pouvoir suivre le jeûne du ramadan tout en respectant le confinement.


Le Ramadan est un mois de grand rassemblement, une période pendant laquelle la spiritualité et la solidarité se vivent en groupe. Pendant la période du ramadan, les mosquées se remplissent de fidèles.


Cette année, confinement oblige, les rassemblements à la mosquée ne seront pas possibles. Etre coupé de la mosquée dans une période comme celle-ci laissera forcement des traces mais cela peut être aussi une occasion à saisir pour redonner du sens à notre adoration de Dieu. 


Quelles mesures spécifiques comptez-vous prendre à Stains afin que le ramadan se passe au mieux ? 


A Stains, nous allons adapter notre programme en ligne pour accompagner quotidiennement les fidèles de la mosquée pendant cette période. Il ne faudra pas oublier les plus fragiles d'entre nous qui seront encore une fois les premières victimes de ce confinement. La distanciation doit être physique et non sociale.


Habituellement, nous organisons le repas de la rupture au sein de la mosquée pour les nécessiteux où nous réunissons plus de 200 personnes tous les soirs. Cette année, cela ne pourra pas être possible. Nous espérons pouvoir néanmoins distribuer des denrées alimentaires à partir de la mosquée pour que les plus fragiles d'entre nous aient de quoi se nourrir durant ce mois saint.


Nous allons nous rapprocher de la ville et de la préfecture pour leur exposer notre projet et obtenir les autorisations nécessaires. 


Une fois le ramadan fini, il y aura l'Aïd el-Fitr…


Oui. A cause du coronavirus, l’Aïd sera sans doute plus affecté que le Ramadan. On peut très bien respecter les rites du ramadan en restant à la maison, pour l’Aïd, c’est un peu plus compliqué.


Pour l'Aïd, différents rituels traditionnels sont pratiqués, comme l'échange de cadeaux, le partage de nourriture. L’Aid est l'occasion de repas de fête en famille et de visites rendues à ses proches. Cette année, malheureusement, il faudra sans doute rester chez soi pour l’Aid. 


Face au Coronavirus, votre mosquée à Stains a été très réactive …


Effectivement. Cela est dû d’abord au fait que nous avons au sein de notre association des bénévoles qui travaillent dans le milieu de la santé et qui nous ont très rapidement alertés sur la crise à venir et de ses potentiels impacts sur la vie en collectivité et notamment au sein de la mosquée.


Très vite donc, nous nous sommes renseignés sur les consignes à adopter, les mesures d'hygiène à mettre en place, les distances à respecter entre les personnes, etc… Dès lors, nous avons communiqué très vite avec les fidèles de la mosquée pour leur expliquer les mesures que nous prenons. Ils n’ont donc pas été surpris quand plusieurs jours avant le confinement, nous avons pris la décision de fermer la mosquée. 


Comment faites-vous depuis le confinement pour satisfaire les besoins des fidèles ?


Un fidèle est d’abord un être humain: il a les mêmes besoins de lien social et familial que les autres. Et comme chaque croyant, surtout en période de confinement, il a besoin de lien spirituel. 


La mosquée de Stains fait tout pour permettre aux fidèles de garder ce lien avec Dieu en multipliant les échanges virtuels. Les cours de religion, les exhortations religieuses, les invocations matinales, les enseignements, les activités périscolaires avec les enfants ont été maintenus. Ils se font désormais via Zoom. Le prêche du vendredi se fait également en ligne. 


 

Nadir Dendoune