Sept chefs d’œuvres de l’art islamique à voir au Louvre

 Sept chefs d’œuvres de l’art islamique à voir au Louvre

Exposition « Mamlouks. 1250-1517 » – Jusqu’au 28 juillet 2025. © Musée du Louvre

Pour la première fois en Europe, une exposition majeure, qui se tient au Louvre jusqu’au 28 juillet, est consacrée aux Mamlouks. De 1250 à 1517, ces sultans d’origine turque régnèrent sur de vastes territoires comprenant l’Égypte, le Levant, une partie de l’Anatolie ainsi que la Mecque et Médine.

Près de 260 œuvres reflètent la production foisonnante de cet empire à la croisée d’influences venant d’Asie, d’Europe et d’Afrique. Avec l’experte en arts islamiques Rim Mezghani, cap sur sept joyaux mamlouks à ne pas rater.

Le Baptistère de Saint Louis

© 2009 Musée du Louvre / Distribution : Grand Palais-RMN / Photo : Hughes Dubois

Signé à cinq reprises par un célèbre artisan de l’époque, Muhammad ibn al-Zayn, ce bassin a servi pour le baptême de Louis XIII en 1606, date à partir de laquelle il prend le nom de baptistère. Ce chef-d’œuvre absolu de l’art du métal mamlouk brille par la qualité de ses incrustations d’argent et d’or ainsi que par la qualité de son décor.

Autant d’éléments qui témoignent de l’importance de la commande et de l’habileté de celui qui l’a réalisée. L’objet initialement destiné à un prince, dont on ignore l’identité, appartient aux collections nationales depuis le Moyen Âge.

Carreau de revêtement à décor végétal Égypte ou Syrie XVe siècle

© 2010 Musée du Louvre / Distribution : Grand Palais-RMN / Photo : Hughes Dubois

Ce subtil fragment d’intérieur mamlouk en dit long… C’est un témoin rare et émouvant, rappelant le dicton « les murs ont des oreilles ». Il a sûrement entendu les conversations de plusieurs générations depuis le XVe siècle. Il offre à la fois une image instantanée ainsi que le son d’un intérieur ou d’une famille de l’époque mamlouke.

Son esthétique et le style de son décor présentent une palette de couleurs, bleu et blanc, élégante et sobre à la fois. On y lit une discrète influence sinisante. La végétation, tout en délicatesse et souplesse, semble en mouvement. En l’observant, on entendrait presque le murmure des feuilles qui dansent.

Le brûle-parfum au nom du sultan al-Nasir Muhammad ibn Qalawun

© The Museum of Islamic Art, Doha / Photo : Samar Kassab

Autre témoin du raffinement de cette glorieuse dynastie, ce récipient de facture princière incarne l’apogée de l’art mamlouk. Il constitue une rareté par sa taille imposante et le soin apporté à son exécution.

Ornée de médaillons portant le nom du sultan auquel il était destiné, cette pièce phare, auparavant dans la prestigieuse collection Nuhad Es-Said, appartient désormais au Musée d’art islamique de Doha.

Grand vase aux oiseaux

© Fondation Calouste Gulbenkian / Photo : Catarina Gomes Ferreira

Datant de la première moitié du XIVe siècle, c’est l’un des exemplaires de « gobelets » mamlouks les plus impressionnants par sa taille et par son esthétique élégante. Le raffinement de son décor et la palette de ses couleurs rappellent ceux employés sur certains verres de Venise au XVe siècle.

Les verres mamlouks ont en effet largement influencé ceux produits en Italie à cette époque. Le thème, quant à lui, évoque l’œuvre majeure du poète soufi Farid al-Din al-Attar (1145-1221), Le Cantique des oiseaux.

Fables de Kalila et Dimna

© Bodleian Libraries, University of Oxford

D’origine persane, Ibn al-Muqaffa’ a écrit ces contes en Syrie au au VIIIe siècle. Cette copie mamlouke date du XIVe. Les fables, elles-mêmes, enseignent un certain nombre de leçons à travers des histoires mettant en scène des animaux qui parlent.

Elles sont adaptées d’un recueil indien composé en sanskrit pour éduquer des princes turbulents qu’il fallait ramener à la sagesse. Intemporelles et universelles, ces historiettes inspireront jusqu’à Jean de la Fontaine.

Aiguière destinée à la grande princesse Fatima, l’épouse (Khawand) du sultan Qaytbay

© Victoria and Albert Museum, London

Signée par le maître Ahmad ibn al-Khawandi, les motifs luxuriants nous font penser à un jardin d’Éden. La délicatesse et la poésie des figures laissent deviner la féminité et le rang de la personnalité à laquelle elle était destinée.

Il existe cinq ouvrages conçus pour cette princesse, dont cette aiguière. Ils sont répertoriés et conservés dans différentes institutions à travers le monde.

Maqamat (Séances) de al-Hariri

© Bodleian Libraries, University of Oxford

Ce manuscrit haut en couleurs est une version mamlouke du XIVe siècle des célèbres séances que l’on doit à l’écrivain et grammairien al-Hariri (1054-1122).

Composé à Bagdad à l’époque du califat abbasside, ce récit picaresque constitue une sorte de série illustrée de miniatures (des peintures). On y découvre avec délectation les aventures d’un imposteur nommé Abu Zeid qui déploie toutes sortes de ruses pour escroquer des marchands croisés sur son chemin.

La présence de personnages installés sur des trônes dans trois de ces illustrations suggère que cette copie mamlouke a pu être réalisée pour un émir.