Steeve Briois (RN) jugé pour complicité de « provocation publique à la discrimination »

 Steeve Briois (RN) jugé pour complicité de « provocation publique à la discrimination »

Affiche électorale du RN (ex-FN) figurant Steeve Briois aux côtés de Marine Le Pen pour les élections municipales de 2014

Un des vice-présidents du RN, Steeve Briois, devra répondre devant la justice de « complicité de provocation publique à la discrimination ». Il avait en effet préfacé un guide recommandant aux élus de son parti d’appliquer la « préférence nationale » en matière de logement.

Initialement placé sous le statut de témoin assisté dans ce dossier, Steeve Briois, maire d’Hénin-Beaumont, a été mis en examen en novembre dernier. Le tribunal de Nanterre le jugera aux côtés de l’eurodéputé RN Jean-François Jalkh. Ce dernier est poursuivi lui pour « provocation à la discrimination », a appris lundi l’AFP. Dans ce dossier, l’ex-eurodéputée Sophie Montel, qui a depuis quitté le parti, est également renvoyée pour « complicité de provocation publique à la discrimination ».

L’affaire a débuté en 2014 par une plainte de l’association Maison des Potes contre les responsables de la publication du « Guide pratique de l’élu municipal Front national ». Un document édité avant les municipales de mars 2014. Le Front national (ancien nom du Rassemblement national) exhortait ses futurs élus à réclamer, notamment, l’application de la « priorité nationale dans l’accès aux logements sociaux ».

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« Le candidat-tête de liste pourra s’exprimer publiquement et rappeler dans son discours les points suivants : défendre la priorité nationale, ex : dans l’attribution des logements sociaux », écrivait le texte.

Jalkh était alors directeur des publications du FN. Mme Montel était chargée de la coordination des élus au sein du secrétariat général. M. Briois, alors secrétaire général, avait préfacé le guide. Le Parlement européen avait levé l’immunité de M. Jalkh en novembre 2016, celles de Steeve Briois et Sophie Montel en octobre 2018.

 

Mises en examen en série au RN

« De manière délirante, il est reproché à ce guide, dont je ne suis ni l’éditeur ni l’auteur, de vanter les mérites de la préférence nationale », a réagi auprès Steeve Briois. Sur « le fond comme sur la forme, il n’y a évidemment aucune complicité ou d’incitation à la discrimination de ma part », a-t-il ajouté.

De son côté, Me David Dassa-Le Deist a affirmé que son client Jean-François Jalkh « conteste toute responsabilité pénale » et « toute exhortation à la discrimination que ce soit ». Dans une autre affaire, M. Jalkh a été mis en examen le 6 juillet pour « détournement de fonds publics ». Suite de l’enquête sur des soupçons d’emplois fictifs d’assistants parlementaires du parti de Marine Le Pen. Au total, environ 29 élus et assistants, dont Mme Le Pen, son père et le parti lui-même, sont mis en examen, pour « détournement de fonds publics » ou des délits connexes.

 

Cheval de bataille du RN

« On a bataillé pendant plus de six ans pour avoir ce renvoi et nous l’avons obtenu malgré tous les barrages du RN », s’est réjoui auprès Samuel Thomas, président de la Maison des Potes. Selon lui, « ce renvoi permet de rappeler que prôner la préférence nationale et donner des injonctions à mettre en œuvre des politiques discriminatoires dans des villes sont prohibés ».

Ce renvoi devant la justice de ces deux cadres du RN intervient en plein lancement de la campagne présidentielle de Marine Le Pen. Ces « poursuites sont honteuses », s’est indignée lundi Mme Le Pen sur Twitter. Elle promet de défendre « à nouveau cette position (la préférence nationale) de bon sens. J’attends donc la justice de pied ferme. Nous ne reculerons pas ».

Rached Cherif