« Sur la touche » de Kahina Ben Amar, sélectionné au festival de Cannes

 « Sur la touche » de Kahina Ben Amar, sélectionné au festival de Cannes

Kahina Ben Amar, scénariste et réalisatrice. Son court métrage « Sur la touche » sera projeté au festival de Cannes, mercredi 17 mai 2023. Crédit photo (D) : Amandine Lesca

Kahina Ben Amar est scénariste et réalisatrice. Son troisième court métrage « Sur la touche », l’histoire d’Amra, joueuse de football professionnelle qui retrouve ses grands-parents qui l’ont élevée après un long moment d’absence, sera projeté au festival de Cannes, dans le cadre de la carte blanche Talents en Court, ce mercredi (17 mai). A 28 ans, cette jeune femme, originaire de Ris-Orangis dans l’Essonne, avance doucement mais sûrement…

LCDL : Que vous inspire cette sélection au Festival de Cannes ? 

Kahina Ben Amar : D’abord de la fierté. Une reconnaissance de mon travail. J’ai quitté ma banlieue à 17 ans pour Paris parce que je voulais faire du cinéma. A l’époque, je voulais m’inscrire en BTS audiovisuel mais comme je n’avais pas de Bac S, cela n’a pas été possible. J’ai appris seule. Je passais mes journées à la bibliothèque pour me construire une culture cinématographique. Après, j’ai eu la chance d’intégrer La Résidence de La Fémis en 2015 (NDLR : école des métiers de l’image et du son). Cette formation d’un an m’a permis de mieux comprendre les enjeux liés à la fabrication d’un film.

Vous dites qu’il vous a fallu 4 ans pour aller au bout de ce nouveau projet…

Oui, j’ai rencontré mes futurs producteurs à La Fémis. Je leur ai parlé de l’idée de ce film et ils ont tout de suite accroché. Le plus difficile a été de trouver l’actrice principale. Je voulais une vraie joueuse de football, une professionnelle qui parlait le kabyle.

Comment vous y êtes-vous prise justement ? 

J’ai d’abord fait une liste de toutes les joueuses aux noms de famille maghrébines de division 1 et de division 2. Puis, je me suis déplacée, parfois avec la directrice de casting, parfois seule, dans des clubs.  Je suis même devenue amie avec certains coachs.

Un jour, j’ai vu l’interview sur internet sur le site du club d’Orléans d’Amira Ould Braham, une de leurs joueuses. J’ai tout de suite su que c’était elle. Je lui ai envoyé un message sur Instagram en lui demandant directement si elle était kabyle, et elle m’a répondu oui ! Nous nous sommes vues juste après et les premiers essais avec elle ont été concluants.

Pourquoi était-ce important que le film soit en kabyle ? 

« Sur la touche » est hautement autobiographique. Je suis originaire d’une famille kabyle. Après mon départ de Ris-Orangis à 17 ans, je suis très peu revenue en banlieue. J’étais tellement sur mes projets. Quand je suis revenue à Ris, j’avais l’impression que j’avais perdu ma place dans ma famille : je suis l’ainée des enfants. Gamine, comme mes parents travaillent beaucoup, j’ai été élevée par mes grands-parents. J’étais à la fois une enfant mais aussi une adulte parce que mes grands-parents avaient un certain âge, alors je me sentais responsable d’eux.

Ce film a donc pour but de leur rendre hommage…

Effectivement. J’ai reçu beaucoup d’amour de la part de mes grands-parents. C’est important si on veut se construire paisiblement.

>> A lire aussi :

« La dernière reine », un sublime portrait de la reine Zaphira en Algérie

Cinéma. « Dorlis » d’Enricka M.H présélectionné aux César

Avec “Youssef Salem a du succès”, la réalisatrice Baya Kasmi réclame “un droit à la normalité pour les arabes”

« La Cour des Miracles », le film qui traite avec justesse des problèmes de l’école dans les quartiers populaires

Son parcours, le cinéma, son enfance : l’acteur Fatsah Bouyahmed nous raconte tout

« Citoyen d’honneur » de Mohamed Hamidi, une bouffée d’oxygène à voir au cinéma

Nadir Dendoune