Affaire « Emirates » : les autorités tunisiennes menacent de nouvelles sanctions contre la compagnie émiratie

 Affaire « Emirates » : les autorités tunisiennes menacent de nouvelles sanctions contre la compagnie émiratie

Des Tunisiennes manifestent devant l’ambassade des Emirats arabes unis à Tunis contre la décision de la compagnie aérienne Emirates d’interdire les femmes tunisiennes sur ses vols


Le ministre tunisien du Transport Radhouane Ayara a regretté que les pourparlers effectués à ce jour avec les représentants de la Compagnie aérienne Emirates Airlines « n’ont pas permis de réaliser de progrès dans le règlement de la crise ». Par conséquent les autorités tunisiennes pourraient ne plus se contenter de la suspension des vols de la Compagnie émiratie vers tous les aéroports tunisiens.



Dessin satirique du dessinateur "Z" qui opte pour la dérision face à l'explication officielle de la compagnie émiratie qui a évoqué "une menace terroriste"


 


Après une semaine de statu quo, la reprise des réunions avec les représentants de Emirates Airlines n’est pas envisagée avant la fin de la première semaine de janvier, a ajouté Ayara, tout en soulignant qu’« en cas de nouvelle impasse, d’autres mesures seront prises en coordination avec le ministère des Affaires étrangères ». Comme nous le prédisions en début de semaine, cela laisse agurer d’une crise d’une ampleur sans précédent entre les deux pays.  


 


Une escalade inédite dans l’histoire de la diplomatie tunisienne


La compagnie Emirates Airlines devra avertir la Tunisie au cas où elle songe à arrêter la liaison aérienne Tunis – Dubai, a déclaré Radhouane Ayara, assurant qu’il n’existe aucun motif valable pour fermer cette ligne, tout en affirmant que la décision tunisienne est une « mesure ordinaire » prévue par les conventions régissant le trafic aérien. Mais ces propos destinés à tempérer la crise cachent mal ce qui reste en réalité une escalade d’une gravité inédite depuis la rupture des relations diplomatiques de la Tunisie avec la Syrie en 2011. Une mesure à l’époque très critiquée par les modernistes.


Selon les experts en droit international, il n’y a pas encore lieu pour la Tunisie de porte l’affaire devant des juridictions internationales : en l’absence de position officielle émiratie, c’est aux clientes refoulées de déposer plainte contre la compagnie pour ne pas avoir honoré ses engagements après l’achat d’un billet. C’est chose faite, après que deux tunisiennes aient engagé hier jeudi une plainte collective.  


Face à l’ambiguïté manifeste du mutisme émirati, certains observateurs pointent du doigt aujourd’hui d'autres enjeux, avec en filigrane la position extrêmement hostile des Emirats Arabes Unis face aux révoltes arabes durant ces six dernières années, conjuguée à leur désillusion de voir le camp qu’ils ont financé prendre de façon plus nette le pouvoir. Fin 2014, en pleine campagne électorale pour la présidentielle, Béji Caïd Essebsi fut critiqué pour avoir reçu en cadeau deux véhicules blindés en provenance des Emirats.  


 


Seif Soudani

Seif Soudani