Commémoration du 6ème anniversaire de la révolution, sur fond de tensions en région

 Commémoration du 6ème anniversaire de la révolution, sur fond de tensions en région

Des blessés de la révolution ont défilé aux côtés de formations politiques d’opposition


« Oui, c’est bien une révolution… Et elle continuera jusque la victoire », affiche l’un des slogans arborés aujourd’hui à la traditionnelle marche de commémoration du 14 janvier, Avenue Habib Bourguiba. C’est que cette année les festivités revêtent une dimension du devoir, au moment où de plus en plus de Tunisiens sont en proie au désenchantement.


A l’entrée de l’« Avenue », comme chaque année interdite à la circulation jusqu’à 18h00, c’est barrage et fouilles sécuritaires à chaque accès. Une fois sur place, le contraste est saisissant entre les diverses façons qu’ont les uns et les autres de célébrer ce 6ème anniversaire de la révolution de la liberté et de la dignité, plus ou moins joyeusement, parfois selon les retombées en termes de libertés ou de gains politiques.   


Ainsi dans le registre insolite, signe de l’esprit réformiste plus que jamais de mise au stand Ennahdha, le parti anciennement appelé « islamiste » avait installé une tribune avec parmi les artistes à l’affiche la chanteuse Leila Aziz, qualifiée de « sexy » par des passants. Plus revendicative et compacte, la foule qui s’est massée autour du stand de l’opposition de la « Jabha » (le Front populaire). Très remarqué, le collectif Ménich Msémah (« Je ne pardonne pas, ndlr) était représenté par des dizaines de jeunes, majoritairement de gauche.


Au chapitre des grands absents cependant, le parti néolibéral de la coalition au pouvoir Afek Tounes, tout comme al Massar, parti de gauche moderniste qui avait manifesté il y a quelques jours sans ses couleurs pour dire « non au retour des djihadistes ». Mais aussi Nidaa Tounes, parti théoriquement au pouvoir bien mal en point, absent et décimé par les luttes de clans.  


 


Fini pour de bon l’élan révolutionnaire ?


C’est en tout cas ce qu’affirme la TAP, l’agence de presse étatique, d’habitude peu encline aux jugements de valeur : « Les festivités du sixième anniversaire de la révolution tunisienne, étaient fades à l’avenue Habib Bourguiba à Tunis », a constaté la correspondante de l’agence.


A l’occasion de cette même commémoration, Béji Caïd Essebsi a décidé d’accorder la grâce présidentielle à 3706 détenus, un nombre en hausse, essentiellement des non-récidivistes et des détenus pour usage de stupéfiants. A mi-mandat, le président de la République faisait aussi son premier déplacement en région, en visite à Gafsa, région toujours sinistrée. « Un évènement », ironisent ses détracteurs qui lui reprochaient une « sédentarité inacceptable » pour un chef de l’Etat. Des heurts avec les forces de l’ordre ont par ailleurs émaillé cette visite à Metlaoui.


Conscients que les acquis démocratiques sont fragiles et menacés, tout comme la décentralisation qui peine à se concrétiser à l’intérieur du pays, ils sont désormais une majorité de Tunisiens à être dans la désillusion, sans pour autant céder à la nostalgie.


De son côté, l’instance Vérité et Dignité organise ce soir à partir de 20h30 sa cinquième séance d’audition publique des victimes de violations des droits de l’Homme et de la corruption, retransmise en direct notamment sur la TV nationale.  


 


S.S


 

Seif Soudani