Décès du député et avocat Abada Kéfi

 Décès du député et avocat Abada Kéfi

Abada Kéfi en 2011


L’Assemblée des représentants du peuple a regretté ce matin la mort de l’élu Abada Kéfi, qui a succombé à la maladie ce vendredi 13 juillet, à l’âge de 72 ans, après un long combat contre le cancer. Il était reconnu par ses pairs comme l’un des ténors du barreau tunisien.



Farouche opposant des islamistes, Me Kéfi dénonce ici à Paris en 1992, lors du procès de la "Couscous connection", une instrumentalisation politique de ces derniers (minute 1:14). Images France 3


 


Dans un texte de faire-part, le Parlement présente ses sincères condoléances aux proches du défunt et exprime « sa profonde compassion aux membres de sa famille ». « Avec la disparition de Abada Kefi, la Tunisie perd un militant et un immense patriote qui a eu des contributions remarquables dans les domaines politique et législatif », lit-on dans le texte.


Avocat de profession et ancien président de la Commission de législation générale au Parlement, le défunt a été élu lors des élections législatives de 2014, député de Nidaa Tounes dans la circonscription de son Kef natal.


Mais l’homme avait quitté Nidaa Tounes dès janvier 2016 pour rejoindre le groupe frondeur Al-Horra du mouvement Machroû Tounes (une vingtaine de députés). Selon l’Ordre national des avocats de Tunisie, les funérailles auront lieu, ce vendredi, après la prière d’al-Asr, au cimetière de la Soukra, gouvernorat de l’Ariana.


 


Rendu célèbre par la « couscous connection »


La couscous connection est le nom donné à un grand trafic international de stupéfiants et de blanchiment d'argent qui se déroula pendant les années 1980 et 1990.


En janvier 1989, des hommes de la brigade des stupéfiants parisienne reçoivent des informations d'un indicateur quant à l'existence d'un trafic d'héroïne dans les rues du quartier de Belleville. Les investigations mènent rapidement à Rachid Haddad, chargé du transport de la marchandise depuis Amsterdam.


En février 1990, la brigade identifie Hedi Ben Hassen, qui se trouve être le neveu de Frej Guedoura, alors chef des services spéciaux et de la Sécurité nationale tunisienne, ainsi que Habib Ben Ali, frère aîné de l’ancien président Ben Ali, aussi connu sous le nom de Moncef Ben Ali. C'est à Orly-Sud que Ben Hassen est arrêté mais Habib Ben Ali parvient à quitter le territoire après avoir présenté un passeport diplomatique et fait état de son lien de parenté avec le président.


Au terme du procès, Habib Ben Ali dit « Moncef » est condamné par contumace le 30 novembre 1992 à dix ans de prison et à l'interdiction définitive d'accès au territoire français par la 14e chambre du tribunal correctionnel de Paris.


Parmi ses avocats, Me Jean-Yves Leborgne, et Me Abada Kéfi dénoncent alors une « manipulation politique » répétant qu'il n'avait « aucune preuve matérielle » que leur client ait participé au blanchiment d'argent en question. Après avoir été recherché par Interpol, Moncef Ben Ali mourra assassiné dans des circonstances obscures.


Deux décennies plus tard, Kéfi défendra le chef de la sécurité présidentielle de Ben Ali, le général Ali Seriati, au lendemain de la révolution, louant « un grand patriote ». Entre-temps Abada Kéfi acquis la réputation d’être le « Maître Vergès tunisien », acceptant les procès les plus difficiles et la défense des pires barons du grand banditisme.


 


Seif Soudani

Seif Soudani