En Algérie, Youssef Chahed fait son baptême du feu diplomatique

 En Algérie, Youssef Chahed fait son baptême du feu diplomatique

Youssef Chahed et Abdelaziz Bouteflika


« Le gouvernement est déterminé à œuvrer avec son voisin algérien à créer un climat d’affaires et d’investissement dans des secteurs encore sous-exploités, ce qui ne manquera pas de consolider l’intégration et la complémentarité économiques entre les deux pays frères », a déclaré hier dimanche 9 octobre le fraîchement investi chef du gouvernement, Youssef Chahed en marge d’une visite éclair d’une journée en Algérie, sa première en tant que chef de l’exécutif.




 


Le jeune locataire de la Kasbah qui vient de fêter ses 41 ans s’exprimait lors d’une rencontre avec les membres de la communauté tunisienne et des hommes d’affaires tunisiens établis en Algérie, rencontre au cours de laquelle il a pris connaissance de leurs activités ainsi que leurs propositions visant à soutenir la relance du partenariat entre les deux pays.


 


Rassurer le patronat


Une rencontre qui intervient au moment où Wided Bouchamaoui, la chef de la centrale patronale, a mis en garde contre « la diabolisation grandissante des chefs d’entreprise », et déclaré trouver trop élevée la proposition gouvernementale de nouvelle taxe de 7,5% imposée aux entreprises.  


Faisant partie de la délégation, Zied Ladhari (Ennahdha), ministre de l’Industrie et du commerce a souligné que les deux pays « ambitionnent de hisser la coopération et de partenariat à un niveau stratégique pour englober les secteurs privé et public ». « Pour concrétiser tout cela, il a été décidé de créer la fonction d’interlocuteur unique entre les deux pays », sorte d’équivalent du statut de « partenaire privilégié » donc, en jargon commercial international.


« Investi de la mission de booster les opportunités d’investissement et de coopération, l’interlocuteur unique sera chargé également de simplifier les procédures, d’aplanir les entraves devant les hommes d’affaires des deux parties et de les encourager à conquérir de nouveaux marchés africains », a-t-il conclu.  


Ladhari a par ailleurs annoncé que le premier ministre algérien Abdelmalek Sellal participera en compagnie de plusieurs hommes d’affaires et investisseurs algériens au forum international sur l’investissement « Tunisia 2020 » qui devra se tenir en Tunisie fin novembre prochain, signe de l’importance que revêt le partenariat algérien, relativement en berne depuis l’éclatement des révolutions arabes.


 


La délicate question de la politique étrangère


Youssef Chahed, n’est donc pas rentré les mains vides : parmi les plus importantes retombées officielles, nous apprenons qu’une énième « stratégie sécuritaire commune » a été établie (renseignements et frontières), en sus de la conquête, en tandem, de nouveaux marchés africains. Autre mesure, la nomination d’un « monsieur industrie et commerce » en Tunisie et d’un autre homologue en Algérie.  


Chahed a enfin profité de sa visite à Alger pour confirmer l’information selon laquelle la taxe d’entrée des Algériens sur le territoire tunisien (30dt) a été éliminée. Il fait ainsi d’une pierre deux coups : un appel du pied aux hommes d’affaires tunisiens et algériens, chose qu’il sait probablement faire le mieux en tant qu’ex expert en relations internationales, et récompense les Algériens pour avoir sauvé une saison touristique sinistrée en affluant massivement cette année sur les côtes tunisiennes.


Depuis 2011, les autorités algériennes dissuadaient leurs ressortissants de franchir les frontières en direction de la Tunisie, officiellement pour des raisons sécuritaires, officieusement par crainte d’une contagion révolutionnaire.


 


S.S




 

Seif Soudani