L’armée en état d’alerte à la frontière libyenne

 L’armée en état d’alerte à la frontière libyenne

En 2018


Une source sécuritaire autorisée dans le gouvernorat de Tataouine limitrophe avec la Libye affirme que différents corps des forces armées tunisiennes mobilisées le long des frontières Tuniso-libyennes « sont fin prêtes et font preuve de vigilance, pour prévenir toute intrusion possible », en cette période de fêtes de fin d’année, eu égard à l’intensifications des combats entre factions libyennes.


Ce dispositif, un déploiement militaire le long de la barrière naturelle creusée à même le sol, est également censé pouvoir parer aux urgences humanitaires et à l’éventualité d’un afflux accru durant les prochains jours. Ainsi le même responsable indique que des familles libyennes, dont l’une est composée à elle seule de 12 personnes, avaient récemment franchi de façon illégale les frontières pour fuir le conflit armé qui s’intensifie aux abords de la capitale, Tripoli.


Détenues par les forces de la Garde nationale, les familles en question sont arrivées dans les gouvernorats de Tataouine et Médenine, une fois prises des dispositions judiciaires, et installées dans des logements privés. En 2011, la Tunisie avait accueilli sur son territoire près d’1 million de citoyens libyens.


 


Bruit de bottes d’une guerre par procuration  


Pour son baptême du feu diplomatique, le président tunisien Kais Saïed a passé la fin de la semaine écoulée à éteindre l’incendie protocolaire et géopolitique causé par la visite intempestive du président turc Recep Tayyip Erdogan le 25 décembre dernier à Tunis, un personnage haut en couleurs, rompu aux provocations en tout genre.


Ainsi l’agence Anadolu a révélé que la délégation présidentielle turque comptait essentiellement dans ses rangs le ministre de la Défense, celui des Affaires étrangères, ainsi que le chef des renseignements turcs, le puissant Hakan Fidan. « Une délégation de guerre », ont repris en chœur les médias nationaux, qui a visiblement pris de court les officiels tunisiens, d’autant qu’Erdogan s’est adonné depuis Carthage à un exercice pas du goût de ses hôtes : prendre Tunis comme tribune régionale d’un discours aux accents belliqueux évidents, qualifiant notamment le maréchal Haftar de « général hors la loi ».


La présidence de la République tunisienne a eu beau se fendre le lendemain, sur le tard, d’un communiqué assurant que la Tunisie ne saurait servir de base arrière ou de caution à une quelconque partie belligérante, le président turc de retour à Ankara, avait quant à lui attisé les spéculations en affirmant unilatéralement s’être « mis d’accord avec la Tunisie en vue d’un soutien au gouvernement de Fayez Sarraj », sans préciser la nature de l’accord en question.      


Pour nombre d’experts, ce qui se joue à Tripoli est l’éventuel dernier épisode d’un retour de chute de dominos des printemps arabes, partis de Tunisie en 2011, puis mis en échec un à un ces dernières années, d’où le souci de la Turquie d’Erdogan de préserver ses intérêts géopolitiques, quand bien même cela nécessiterait une escalade militaire inédite dans la région, avec une possible intervention terrestre sur sol libyen discutée par le Parlement turc début janvier 2020.   

Seif Soudani