Les Tunisiennes interdites d’accès et de voyage aux Emirats Arabes Unis

 Les Tunisiennes interdites d’accès et de voyage aux Emirats Arabes Unis

Photo AP


Les ressortissantes tunisiennes se verront refuser l’accès aux Emirats Arabes Unis, et ce même si elles se trouvent en transit à l’aéroport de Dubaï. C’est la décision surréaliste confirmée ce vendredi 22 décembre à la mi-journée par le représentant de la compagnie nationale "Emirates" à Tunis.


Ce n’est pas la première fois que les Emirats prennent une décision sélective de ce type exclusivement à l’égard d’une nationalité. Jusqu’au 11 février 2017, l’ensemble des Tunisiens ont fait l’objet d’une interdiction similaire durant plusieurs mois, suite à un caprice princier trouvant une vague explication géopolitique, avant une réconciliation qui n’a donc pas duré. Idem pour la levée de cette restriction de visas touchant les Algériens jusqu’en octobre 2014.



La note émiratie à "effet immédiat"


 


Les réseaux de prostitution internationale en cause ?


Mais cette fois, il s’agit d’une restriction inédite combinant sexe et nationalité. Selon la compagnie aérienne, la restriction d’avis de voyage a été émise par le gouvernement des Emirats Arabes Unis. L’API – Emirats Arabes Unis a ainsi informé les compagnies aériennes que les ressortissants tunisiens de sexe féminin seront interdites d’entrée aux Emirats, même pour un le transit ou un transfert de et vers les Emirats.


Les seules exceptions à cette interdiction seraient les cas où la femme tunisienne est une résidente aux Emirats ou détiendrait un passeport diplomatique tunisien pour les besoins d’une mission aux Emirats, ou encore la double nationalité tuniso émiratie. L’API tient les compagnies aériennes pour responsables pour confirmer et valider le VISA Résident ou le Passeport Diplomatique Tunisien.


Aucun détail ni motif n’a été rendu public pour expliquer cette décision. Le Ministère des Affaires Etrangères n’a pas encore réagi ni donné d’explications. Mais d’aucuns ont émis l’hypothèse que cela intervient en réponse à la multiplication récente des cas de rapatriement de « travailleuses du sexe » parties aux Emirats et d’autres pays du Golfe suite à des offres de  travail attrayantes souvent déguisées. Des mésaventures choisies ou davantage subies, régulièrement mises en lumière par des émissions de talk shows en Tunisie.


Aujourd’hui, l’actrice tunisienne Samira Magroun s’est publiquement indignée de faire les frais de l’arbitraire de cette décision dont elle a fait les frais avec sa mère, avant de finalement retirer le statut :



« Nous sommes actuellement à l’aéroport. Moi et ma mère qui détient un visa de court séjour comptons nous rendre à Dubaï à bord d’un vol d’Emirates. Toutes les femmes tunisiennes non résidentes ont été interdites de monter à bord. L’Etat tunisien peut-il nous expliquer si c’est normal d’émettre une telle décision pendant la nuit ? Et est-ce normal que le ministère des affaires étrangères n’intervienne pas ? » 


Préférant ironiser, le blogueur tunisien Azyz Amami a réagi en se prononçant contre toute mesure de réciprocité en la matière qui reproduirait selon lui un « comportement d’une rare stupidité ».


Dans l’après-midi de vendredi, la nouvelle a provoqué des scènes de colère dans l’aéroport de Tunis – Carthage où des Tunisiens qui attendaient leurs proches ont scandé des slogans anti Emirats. Humiliante, la mesure met dans l'embarras une partie de la classe politique moderniste en Tunisie où les Emirats ont un temps financé l'opposition moderniste.


Mise à jour 15h30 : Les Tunisiennes sont de nouveau autorisées à entrer sur le sol des Emirats Arabes Unis, la mesure était donc très temporaire, mais n'a pas manqué de causer retards et confusion dans les aéroports.


Mise à jour 17h00 : Convoqué par le chef du gouvernement tunisien, l'ambassadeur des Emirats à Tunis a simplement évoqué "des motifs sécuritaires".


Mise à jour samedi et dimanche : De nouveaux blocages sont signalés, notamment de la compagnie Al-Ittihad qui interdit encore des Tunisiennes de voyager à son bord.


 


Seif Soudani

Seif Soudani