Mesures urgentes destinées au secteur financier

 Mesures urgentes destinées au secteur financier

La Banque Centrale de Tunisie


La Banque Centrale de Tunisie a dévoilé le 1 juillet une série des mesures urgentes de court terme dans le secteur financier, portant sur « la rationalisation des dépenses et des transferts en devises, l’allégement de la pression sur le marché des changes, le renforcement des recettes touristiques et la mobilisation des ressources extérieures par les banques tunisiennes auprès des tunisiens résidents à l’étranger ».




 


Dans une note exceptionnelle ayant pour objet « la situation du secteur extérieur au cours des 5 premiers mois de 2016 et les mesures urgentes nécessaires pour stopper la dévaluation du dinar », la BCT affirme qu’elle œuvrera à rationaliser les dépenses et les transferts en devises. En clair, elle entend faire respecter les plafonds des dépenses au titre des opérations courantes et des opérations d’investissement et ne plus accorder d’autorisations spécifiques a au tourisme aux études, aux voyages d’affaires et voyages de groupes ou encore pour effectuer le petit pèlerinage, la « Omra ».


Il s’agira aussi de coordonner entre les ministères concernés et la BCT concernant les dépenses des artistes, joueurs et entraineurs étrangers.


Certains internautes décrient déjà ces mesures qui selon eux portent atteinte au droit de circulation et d’éducation des citoyens, d’autant que la dévaluation du dinar découle aussi d’une politique monétaire voulue par la même BCT…  


 


« Rationaliser les crédits à la consommation »


La BCT a décidé par ailleurs de reporter certaines mesures qu’elle compte prendre pour assouplir la réglementation des changes, notamment en ce qui concerne l’ouverture de comptes de capitaux, le renforcement du contrôle des opérations courantes par les autorités concernées (aux frontières et à travers le système bancaire), concernant le contrôle technique, la régularisation des opérations du commerce extérieur et la récupération des recettes en devises provenant de l’exportation.


Il s’agit également de rationaliser les crédits à la consommation, ces derniers étant liés aux importations des produits de consommation, en réexaminant les conditions de financement par les établissements de crédits ainsi que d’inciter les banques à utiliser les ressources provenant des lignes de financement extérieur disponibles pour financer les opérations d’importation. Une mesure qui sera à n’en pas douter source de grogne sociale.


La BCT compte interdire enfin l’utilisation des dépôts des comptes professionnels dans les banques, en tant que garanties pour les crédits en dinar. Elle œuvrera aussi, à alléger la pression sur le marché des changes, en vérifiant l’efficacité des opérations sur ce marché.

A cet effet, la BCT a décidé de renforcer le contrôle des opérations des changes à terme, en prévention des risques de change, y compris dans les banques pour vérifier que ces opérations s’appuient sur des transactions économiques déclarées.


Le marché noir des devises en ligne de mire


Attirer plus de devises étrangères et lutter contre le marché parallèle des devises figurent également dans la liste des mesures urgentes prises par la BCT, qui compte accélérer la publication des textes d’applications relatifs aux bureaux de change privés, prévus depuis la loi de finances complémentaire pour 2014.


Au sujet du renforcement des recettes touristiques, la BCT envisage d’introduire les devises non convertibles dans les contrats touristiques et ce dans le cadre d’accords gouvernementaux, prévoyant les opérations dites de « clearing ».


Afin que les banques puissent attirer des ressources extérieures auprès des tunisiens résidents à l’étranger, la BCT a prévu une mesure d’incitation aux banques tunisiennes pour internationaliser leurs activités dans le domaine du transfert de l’argent, en s’orientant vers les marchés européens et en offrant des services de transfert de fonds au profit de la communauté tunisienne à l’étranger, à travers la signature d’un partenariat avec les banques européennes, selon la formule « agent de paiement et de transfert ».


L’institut d’émission a décidé aussi d’augmenter le taux de la rémunération des dépôts en devises auprès des banques tunisiennes, au profit des tunisiens non-résidents. La BCT pourra donc accorder des conditions incitatives à ces banques dans le cadre du marché monétaire en devises et en dinar.


La Banque Centrale a appelé les banques tunisiennes, filiales d’établissements bancaires étrangers, à exploiter le réseau des filiales de ces banques en utilisant le mécanisme de « bi-bancarisation », permettant à la colonie tunisienne de bénéficier d’avantages préférentiels lors de la réalisation des opérations de change.


La BCT a souligné dans la même note que ces mesures visent à soutenir les politiques économiques et à vérifier les objectifs fixés dans le budget économique au titre de l’année 2016, au moment où le cours du dinar enregistre sa plus importante dévaluation vis-à-vis des principales devises : samedi 2 juillet 1 dollar vaut en effet 2,188 dinars tunisiens, tandis que 1 Euro valait 2,453 dinars.


 


S.S




 

Seif Soudani