Tunisia 2020 : « Il existe un gap entre ce qui est promis et la réalité »

 Tunisia 2020 : « Il existe un gap entre ce qui est promis et la réalité »


Au lendemain de la cérémonie de clôture de la Conférence de l’investissement Tunisia 2020, nous avons une idée plus précise des fonds « récoltés » lors de l’évènement. Mais si nous en savons plus sur les promesses officielles, un fossé existe entre la théorie et le montant réel des retombées du sommet qui pourrait n’avoisiner selon certains experts qu’un dérisoire 1 milliard de dinars… Explications. 



Quels sont d’abord les chiffres officiels ? Le ministre de Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, Mohamed Fadhel Abdelkefi, a présenté mercredi soir les principaux résultats de la Conférence internationale sur l’investissement en chiffres :


La manifestation a enregistré la participation de 4500 conférenciers, dont 1500 partenaires économiques, 70 pays représentés, 40 délégations officielles, et a engrangé un montant total de financements de 34 milliards de dinars. C’est moitié moins que les estimations officielles avancées il y a quelques jours, la veille du coup d’envoi de la conférence.


Selon des experts économiques de renom, il s’agit malgré tout d’un chiffre qu’il faut considérer avec beaucoup de prudence. C’est notamment le cas de l’économiste Ezzeddine Saïdane, qui rappelle qu’il ne s’agit, comme leur nom l’insique, que de promesses d’investissement et non pas d’investissements directs : « Le financement des investissements ne fera qu’augmenter la dette extérieure. Les investissements directs, pour leur part, sont plus rares », a-t-il déclaré.


Plus pessimiste encore, l’expert Radhi Meddeb, bien introduit dans les sphères de l’actuel pouvoir : « Ces promesses sont non contraignantes légalement. En revanche les sommes ayant fait l’objet d’une signature officielle et à caractère contraignant ne dépassent pas les 1 milliard de dinars. Pour le reste, il s’agit d’engagements pouvant être annulés à n’importe quel moment si rien n’est fait côté tunisien pour présenter une étude de marché et de faisabilité sérieuse ».


Voici ci-dessous les conventions signées lors de la conférence :


 


Avec la France :


– Prêts : 3 milliards dinars sur 4 ans


– 420 millions dinars supplémentaires / financement à des conditions préférentielles


– Un don de 25 millions dinars


– Un engagement d’intensifier la conversion de la dette en projets de développement (hôpitaux régionaux).


 


Arabie Saoudite :


1,8 milliard dinars à travers le fonds saoudien / financement à des conditions préférentielles sur 25/30 ans à un taux d’intérêt qui ne dépasse pas les 2% avec un délai de grâce de 5 à 7 ans.


 


Allemagne :


260 millions de dinars


 


Union européenne


– Don : 500 millions de dinars


– BEI : 6,8 milliards dinars sur quatre ans et 600 millions de dinars de financement à des conditions préférentielles sur 6 ans.


 


FADES :


3,3 milliards de dinars de financement à des conditions préférentielles sur 30 ans et 7 ans de grâce.


 


BAD :


– Réinstallation du bureau régional de la Banque. La Tunisie sera désormais la capitale de la BAD pour l’Afrique du Nord.


– 309 millions de dinars de financement à des conditions préférentielles


– 1,5 milliard de dinars pour les quatre prochaines années.


 


Qatar


– Ouverture de la première filiale du fonds qatari de développement en dehors de Qatar.


 


Les promesses (19 milliards de dinars) :


 


Qatar : 2,8 milliards de dinars


Koweït : 1,1 milliard de dinars


Turquie : 250 millions de dinars


Suisse : 560 millions de dinars


Canada : 50 millions de dinars


BAD : 5 milliards de dinars pour les prochaines années


Banque islamique de développement : 4,4 milliards de dinars sur 5 ans


Banque mondiale : 2,2 milliards de dinars


Les promesses restent tributaires des négociations en cours avec le FMI, a souligné Abdelkefi.


 


Les partenariats ayant signé :


Microsoft / Ministre des technologies de la communication et de l’économie numérique : mise en place d’une plateforme électronique pour la future instance nationale d’investissement


– SMART Tunisia / Entreprise française DécoD Technologies : 400 postes d’emploi


– STAFIM / Groupe PSA : pour le montage et la commercialisation d’un véhicule pick-up de la marque Peugeot.


– Telnet/ Airbus


– Ministère du Tourisme / Groupe qatari « Al Majida » (enseigne La Cigale) : lancement d’un mégaprojet touristique à Gammarth pour un investissement global de 450 millions de dollars.


– Ministère de la santé/un groupe britannique pour le financement d’hôpitaux.


 


S.S

Seif Soudani