Tunisie. Un ancien ministre placé en détention dans l’affaire du meurtre d’une jeune femme

 Tunisie. Un ancien ministre placé en détention dans l’affaire du meurtre d’une jeune femme

Mehdi Ben Gharbia fut également le président du Club athlétique bizertin de 2011 à 2016

Un juge d’instruction près le tribunal de première instance de Tunis a émis un mandat de dépôt à l’encontre de l’ex député, ancien ministre et homme d’affaires, Mehdi Ben Gharbia, en lien avec l’enquête sur le meurtre de la jeune Rahma Lahmar, survenu dans la banlieue nord de la capitale Tunis.

Ainsi selon une source judiciaire, cette décision a été prise à l’issue de l’audition de Mehdi Ben Gharbia, conduite ce jeudi 15 mai 2025 par le premier juge d’instruction en charge du dossier. Mais aucun détail supplémentaire sur le contenu de l’interrogatoire ou les éléments à charge n’a été communiqué à ce stade.

Pour rappel, l’affaire Rahma Lahmar, qui avait suscité une vive émotion dans l’opinion publique, continue de faire l’objet d’une instruction approfondie. Les autorités judiciaires poursuivent l’enquête afin d’élucider toutes les circonstances entourant ce crime crapuleux où le corps de la jeune femme de 29 ans avait été retrouvé fin septembre 2020 dans un cours d’eau longeant l’autoroute 9, en direction de la capitale, présentant des signes de décomposition.

 

Application des articles 131 et 132 ?

Les charges retenues contre les accusés dans ce dossier avaient été dans un premier temps la formation d’une association de malfaiteurs dans le but de commettre des agressions contre des biens et des individus, conformément aux dispositions des articles 131 et 132 du Code pénal tunisien.

L’avocate Samira Al-Dali a déclaré que l’ancien ministre Mehdi Ben Gharbia était officiellement inculpé dès 2023 du meurtre de Rahma Lahmar, tandis que son avocat, Walid Arfawi, avait souligné que ces accusations ne signifiaient pas la condamnation de son client.

Par ailleurs, Chihab Lahmar, le père de la victime, avait révélé avoir reçu des offres financières pour clore le dossier de sa fille. Il a ajouté que ceux qui avaient négocié avec lui étaient liés à une société appartenant à Ben Gharbia dans laquelle aurait travaillé sa fille.

Il a souligné que sa fille avait été ciblée parce qu’elle avait consulté des dossiers compromettants. « Je suis certain, a-t-il ajouté, que des personnalités importantes étaient impliquées dans son meurtre, surtout après avoir découvert que l’avocat que j’avais désigné cherchait à classer le dossier et qu’il m’avait trompé. » Des propos jugés peu crédibles par l’ex-femme du père de la victime.

Rahma Lahmar a été agressée alors qu’elle rentrait chez elle dans la banlieue de Tunis, violée et décédée par asphyxie. Ses biens avaient été volés ; son corps a été mutilé après sa mort, un crime qui relance le débat sur la peine de mort dans le pays. Un jeune homme avait été arrêté deux jours après la découverte du corps après avoir tenté d’utiliser son téléphone. Il avait alors avoué avoir commis le meurtre, sans plus d’informations sur d’éventuels commanditaires.

En janvier 2025, la Chambre criminelle du Tribunal de première instance de Sousse 1 avait également condamné Ben Gharbia, réputé proche de l’ancien chef du gouvernement Youssef Chahed, à quatre ans de prison et d’une amende de 50 mille dinars. Il est accusé de malversations et de corruption financière et administrative en lien avec deux des entreprises qu’il possède. Il écope d’un an de prison pour falsification de documents bancaires, et de trois ans pour diverses infractions fiscales. Le ministère public du Tribunal de Sousse a cependant fait appel de ce jugement.