27 Algériens en route pour leur pays bloqués à Roissy depuis près d’un mois

 27 Algériens en route pour leur pays bloqués à Roissy depuis près d’un mois

Les passagers attendent en zone internationale de Roissy en dormant à même le sol (Capture d’une vidéo du sénateur Abdelouhab Benzaim)

Bloqués dans un aéroport depuis près d’un mois. C’est le sort peu enviable de 27 Algériens, dont des enfants. Ce groupe s’est retrouvé empêchés de prendre un vol pour Alger le 28 février par la fermeture des frontières. Les autorités algériennes estiment qu’ils doivent repartir vers la Grande-Bretagne, leur point de départ.

Les autorités algériennes ont renouvelé le 19 mars leur demande de « retourner » en Grande-Bretagne, leur lieu de résidence. 27 ressortissants algériens bloqués depuis plus de trois semaines dans la zone internationale de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle persistent à vouloir prendre un vol pour Alger.

« Le consul d’Algérie à Créteil, en présence du représentant d’Air Algérie à Paris, a rencontré à plusieurs reprises depuis le 2 mars 2021 certains membres de ce groupe pour échanger sur leur situation et la nécessité de retourner à leurs lieux de résidence en attendant la réouverture des frontières », a déclaré vendredi l’ambassade d’Algérie à Paris dans un communiqué.

Des solutions multiples de prise en charge, dans l’espoir que ces passagers « reviennent à la raison », leur ont été proposées pour repartir au Royaume-Uni, leur pays de départ. Mais « les concernés ont choisi de rester en zone internationale », a ajouté l’ambassade.

 

Fermeture des frontières

L’Algérie a officiellement suspendu, le 17 mars 2020, ses liaisons aériennes et maritimes avec la France en raison de la pandémie de Covid-19. Une mesure étendue au reste du monde quelques jours plus tard. L’émergence du variant du virus identifié en Angleterre a encore compliqué la situation. Alger a également suspendu les vols de rapatriement de ses ressortissants pour toute la durée de ce mois de mars.

Lire aussi : Transports. L’espace aérien marocain se réduit comme peau de chagrin

Cette fermeture des frontières a bloqué le groupe, dont des familles et notamment deux jeunes enfants, dans la zone internationale de l’aéroport de Roissy. Depuis le 28 février, ils attendent dans des conditions très rudimentaires. Sieste à même la moquette, toilette minimaliste dans les sanitaires et repas aléatoires constituent le quotidien de ces naufragés.

L’ambassade d’Algérie a indiqué que ces personnes avaient été « saisies individuellement » par Air Algérie, avant leur départ. La compagnie les a notifié de l’impossibilité qui leur était faite de rentrer dans leur pays. Des « mensonges », a assuré vendredi l’un d’eux à l’AFP, Hocine, un chirurgien anglo-algérien de 49 ans. Il est bloqué avec sa femme et sa fille de 3 ans. Selon lui, les passagers « qui sont ici n’ont été prévenus que le jour même, une fois arrivés à l’aéroport » de Roissy.

 

Les autorités interpellées

« On ne peut pas traiter les personnes de la sorte, c’est un manque de respect à leur vie, à leur dignité », a réagi auprès de l’AFP, l’avocat Karima Hadj Said. Il fait partie des conseils saisis de leurs dossiers pour étudier la possibilité d’un recours juridique en urgence.

La situation suscite de nombreuses réactions de soutien. Le député de la diaspora sortant Nouredine Belmedah s’est rendu sur place et a diffusé le 3 mars une vidéo montrant les passagers dormant sur les banquettes ou à même le sol.

Le 21 mars, c’est au tour du sénateur de la majorité Abdelouhab Benzaim d’interpeller les autorités concernées. Dans une lettre au ministère des Affaires étrangères, il estime qu’il « n’est pas logique de laisser nos enfants pendant trente jours dans un aéroport ». L’État « doit les prendre en charge même s’ils ont commis des erreurs d’appréciation », ajoute-t-il.

Rached Cherif