A Tripoli, Saïed plaide pour un renouveau des relations tuniso-libyennes

 A Tripoli, Saïed plaide pour un renouveau des relations tuniso-libyennes

Le président de la République Kaïs Saïed a achevé mercredi une visite officielle en Libye, la première depuis l’élection d’une nouvelle autorité exécutive dans ce pays. Un exécutif né du Forum de dialogue politique libyen qui a eu lieu à Genève du 1er au 5 février dernier.

Lors de ce déplacement, le chef de l’État a effectué au palais de Dhiafa à Tripoli plusieurs entretiens avec les hauts dignitaires du nouveau pouvoir libyen, dont le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Manfi : C’est cet homologue de Saïed sur le plan protocolaire qui l’a accueilli à sa descente d’avion. L’accent a été mis lors de cette rencontre sur « la nécessité de continuer de soutenir le processus de transition démocratique libyen ».

Lors d’un point de presse conjoint avec son homologue libyen, Saïed a promis qu’il œuvrera, en collaboration avec les parties libyennes, à la réactivation de l’Union du Maghreb arabe à travers l’organisation d’une réunion au niveau des ministres des Affaires étrangères des pays membres

 

Focus sur les prochaines échéances économiques bilatérales

Saïed s’est ensuite entretenu au palais de Dhiafa dans la capitale libyenne avec le chef du gouvernement d’union nationale libyen, Abdelhamid Dbeibah. Il a été convenu lors de cet entretien de tenir, avant la fin de mars courant, la réunion préparatoire de la Haute commission mixte tuniso-libyenne.

Les deux parties ont examiné les moyens de renforcer les relations bilatérales « particulièrement dans les domaines de la santé, de l’économie, du transport et de l’éducation ». A l’ordre du jour également, la nécessité de faciliter les procédures de transit et de déplacement des personnes outre l’écoulement des marchandises dans les deux sens, après plusieurs années de quasi paralysie sur fond de guerre civile en Libye.

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« Il faut intensifier les efforts en vue de dévoiler toute la vérité sur la disparition en Libye des deux journalistes tunisiens Sofiene Chourabi et Nadhir Guetari », a en outre inisisté le président tunisien dans ce dossier non élucidé depuis 2014.

Pour sa part, Mohamed Manfi a salué le soutien apporté par la Tunisie à son pays depuis 2011, qualifiant la visite du président Saïed d’« historique ». Dans les premiers mois ayant suivi la chute de l’ancien régime libyen, on estime à plus d’1 million le nombre de réfugiés libyens accueillis par la Tunisie.

Dans un récent rapport de la Banque africaine de développement (BAD), on peut lire que la Libye sera l’unique pays sur le continent qui devrait afficher une croissance à deux chiffres en 2021 : après une chute estimée à -60,3% l’an dernier, le taux de croissance atteindrait en effet un impressionnant 37,5% cette année. Une prévision avec en toile de fond l’alléchant pactole de la reconstruction du pays, un marché dans lequel la Tunisie ne serait pas assez présente selon de nombreux analystes qui reprochent au pays d’avoir délaissé son rôle au profit de puissances émergentes dans la région.

 

Critiques de la visite sur le plan national

Si du point de vue de la présidence de la République tunisienne, ce baptême du feu diplomatique à Tripoli constitue un succès politique étant donné l’accueil chaleureux réservé par les nouveaux maîtres Libyens, une partie de la classe politique tunisienne, essentiellement Ennahdha, ne voit pas ce déplacement d’un bon œil.

Ainsi pour le gendre de Rached Ghannouci et ex ministre des Affaires étrangères, Rafik Abdessalem, le président Saïed s’était rendu coupable, par mauvais calcul, d’« hostilité envers ceux qui l’ont reçu aujourd’hui », en prenant un temps partie pour les chefs de tribus libyens réputés plus proches du maréchal Haftar.

Autre grief du cadre d’Ennahdha, « l’accueil très froid du président turc Erdogan par Carthage lorsque ce dernier était venu fin 2019 requérir une aide logistique de la Tunisie pour protéger la Libye de l’axe russe. Abdessalem conclut en espérant que sera réparé ce qui peut l’être des tergiversations des amateurs entourant Kais Saïed ».

 

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Seif Soudani