Algérie/British Petroleum : Je t’aime, moi non plus

 Algérie/British Petroleum : Je t’aime, moi non plus

Les plus grandes banques du monde ont continué à investir des centaines de milliards de dollars dans les hydrocarbures malgré leurs engagements. Alexander Pohl / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Rien ne va plus entre British Petroleum et la Sonatrach. Alors que le major britannique tente à tout prix de solder sa présence en Algérie en vendant ses actifs aux Italiens de ENI, les autorités algériennes font toujours la sourde oreille et ne veulent pas entendre parler de cette transaction.

 

Jusqu’à présent, les courriers adressés par les Britanniques à la direction de la Sonatrach et le ministère de l’Energie et des Mines, sont restés sans réponse. Et ce, depuis la réunion du 2 juin 2021, quand Mohamed Arkab, le ministre de l’Energie et des Mines a reçu une délégation du géant britannique, appelée à s’expliquer sur la véracité des révélations concernant les négociations entreprises par British Petroleum (BP) pour céder ses actifs en Algérie au groupe italien Eni.

Les Britanniques ont pris soin avec tout le tact que nécessitait pareille décision d’expliquer au ministre que la cession des parts dans les gisements de gaz d’In Salah et d’In Amenas à l’Italien ENI faisait partie d’une stratégie du groupe de se désengager du pétrole et du gaz, non seulement en Algérie mais aussi en Angola, mais apparemment sans succès.

A l’heure actuelle, la major britannique qui opère en partenariat avec ENI et Sonatrach sur les sites gaziers d’In Salah et In Amenas (12 milliards de mètres cubes à eux deux), ne sait plus à quel saint se vouer pour boucler ses valises, l’Etat algérien refusant aussi bien de faciliter la transaction que de se présenter comme repreneur éventuel.

Pourquoi le départ d’une major comme BP donne-t-il des cheveux blancs au Palais de la Mouradia ? Il y a deux raisons à ce refus, la première est d’ordre financier. Mise à genoux aussi bien par la crise du pétrole que les gros détournements à répétition, saignée à blanc pour sa contribution censée acheter la paix sociale en Algérie, la Sonatrach n’a plus les réserves suffisantes en pétrodollars pour passer à la caisse.

La seconde est d’ordre politique. Le rapprochement des Britanniques avec le Maroc donne des sueurs froides aux autorités algériennes. Champion des énergies vertes, avec des capacités considérables dans le solaire et l’éolien, le royaume voit se bousculer au portillon des géants occidentaux, dont beaucoup de Britanniques. Et pas seulement la BP dont Bernard Looney, le nouveau patron de BP, veut miser à fond dans les énergies renouvelables.

Ses déclarations concernant le souhait d’investir 4 milliards de dollars par an dans l’éolien, le solaire ou encore les bornes de recharge pour véhicules électriques d’ici à 2025, a ainsi mis le feu aux poudres.

Il y a aussi, la société britannique Xlinks qui prévoit de construire un complexe d’énergie renouvelable de 10,5 GW relié à 5 GW/20 GWh de stockage au Maroc, avant de le connecter au réseau électrique du Royaume-Uni via un câble sous-marin de 3,6 GW.

Le géant anglais qui prévoit d’investir environ 18 milliards de livres dans le projet, qui, une fois achevé, couvrirait 7, % de la demande d’électricité du Royaume-Uni avec de l’énergie propre est déjà bien avancé dans ce projet gigantesque.

 

Aziz Cherkaoui