Assemblée nationale – Audition de Rachid M’Barki

 Assemblée nationale – Audition de Rachid M’Barki

Rachid M’Barki. Philip Conrad / Philip Conrad / Photo12 via AFP

Le journaliste Rachid M’Barki, qui a été invité à se soumettre aux questions des députés de la Commission d’enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères, ce mercredi 22 mars, au Palais Bourbon, s’en est plutôt bien sorti.

Balayant les accusations qui lui ont valu d’être suspendu, le journaliste s’est longuement exprimé sur ses liens avec Jean-Pierre Duthion, un homme qui se présente comme « lobbyiste » qui aurait fourni des sujets au présentateur de BFM TV.

Le journaliste a ainsi expliqué que ce qui le motivait au premier chef dans tous ces sujets, c’est la réponse à une question classique que se posent tous les spécialistes de l’information « est-ce que l’information est susceptible ou non d’intéresser le public ».

S’il n’a pas nié avoir entretenu des relations professionnelles avec Jean-Pierre Duthion, il a juré n’avoir jamais touché le moindre centime ou « quelques autres avantages que ce soit ». Ironisant sur un ton amer, il s’est étonné de ces articles de presse qui ont pris la forme d’un « roman » ou d’une « fiction Netflix », avec le journaliste (lui-même) dans le rôle du méchant.

Quant à la formule « le Sahara marocain » qui a fait couler beaucoup d’encre, en raison des relations tendues ou plus précisément exécrables entre le Maroc d’un côté et le Quai d’Orsay d’un autre et entre le locataire de l’Elysée et le Palais royal, le journaliste a balayé les accusations avec panache : « Le Maroc est un grand pays souverain, il n’a besoin de personne pour défendre ses intérêts, et surtout pas d’un petit télégraphiste ». Des propos qui ont fait grincer des dents les députés, peu habitués à ce genre de commentaires !

Enfonçant le clou, Rachid M’Barki a quand même tenu à soulever la question de son origine marocaine devenue subitement problématique : « Je suis devenu comme par enchantement un journaliste franco-marocain, avant cela, personne n’en faisait mention dans la presse. Et moi-même, jamais ne j’ai mis en avant mes origines ».  

Quant à Marc-Olivier Fogiel, directeur général de BFM TV, il sera auditionné par les mêmes députés le jeudi 23 mars 2023, une fois que la commission aura écouté les explications détaillées de Guillaume Hézard, directeur de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF, ministère de l’Intérieur).

Pour rappel BFM TV, après avoir porté plainte contre X, avait licencié (dans des conditions opaques) son journaliste Rachid M’Barki, à l’issue de l’audit lancé en raison de soupçons quant à une ingérence étrangère dans son travail.

Pour ce qui est de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, elle a été créée à l’initiative du groupe du Rassemblement national (RN) en décembre 2022. Présidée par Jean-Philippe Tanguy (RN), cette commission d’enquête s’appuie en fait sur un travail de terrain qui lui permet « d’établir s’il existe des réseaux d’influence étrangers qui corrompent des élus, responsables publics, dirigeants d’entreprises stratégiques ou relais médiatiques dans le but de diffuser de la propagande ou d’obtenir des décisions contraires à l’intérêt national ».

Ce n’est qu’après avoir réuni assez de preuves sur ces ingérences que les députés réfléchissent ensemble « aux réponses à apporter pour éliminer les ingérences qu’elle aurait identifiées, écarter et punir les responsables mais aussi rénover nos institutions pour qu’elles soient capables de prévenir et d’empêcher de telles dérives », selon les termes utilisés par les intéressés.

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