Calais – Grande-Synthe : la liberté d’informer passe après la sécurité

 Calais – Grande-Synthe : la liberté d’informer passe après la sécurité

Illustration – A migrant camp is evacuated by police forces on February 21, 2019 in Calais. Philippe HUGUEN / AFP

Le Conseil d’Etat a débouté deux journalistes exclus d’une évacuation de camp de migrants à Grande-Synthe. Il n’y a pas eu d’ « atteinte grave à l’exercice de leur profession ».

 

Ils avaient déposé un référé parce que le périmètre de sécurité des forces de l’ordre les empêchait de faire leur travail correctement.

A cinq reprises, les 29 et 30 décembre derniers, Louis Witter et Simon Hamy se voient refouler de la scène d’évacuation d’un camp de migrants situé à Grande-Synthe, dans le Pas-de-Calais.

Selon le ministère de l’Intérieur, « ces mesures d’éloignement visent à faciliter l’exécution matérielle de leur mission par les forces de l’ordre, à assurer le respect de la dignité due aux personnes évacuées, et à prévenir les atteintes aux tiers que de telles opérations pourraient engendrer ».

Le périmètre de sécurité en question n’a pas empêché Louis Witter de prendre puis de diffuser plusieurs photos sur les réseaux sociaux. On y voit un représentant des forces de l’ordre en train de lacérer une tente de réfugié. « Pour empêcher sa réutilisation », et cela alors qu’il fait « trois degrés Celsius », précise le photojournaliste.

Pas d’atteinte grave à l’exercice de leur profession

Les deux journalistes ont d’abord saisi un juge des référés du tribunal administratif de Lille, qui a considéré que le caractère urgent de cette procédure n’était pas recevable. Les plaignants ont rapidement fait appel de cette décision, confiant ainsi à la plus haute juridiction administrative le soin de trancher.

Dans son arrêt rendu hier, le 3 février, le Conseil d’Etat a donc décidé que ces périmètres de sécurité ne portaient pas atteinte grave à la liberté de la presse. « Il n’apparaît pas que ces mesures » de police « aient jusqu’à présent excédé ce qui était nécessaire pour assurer la sécurité des opérations et aient porté une atteinte grave et manifestement illégale à l’exercice par les journalistes de leur profession ».

Expulsions quotidiennes

A ce jour, un millier de migrants vivent entre Calais et Grande-Synthe, dans des conditions sanitaires déplorables. Comme le rappellent régulièrement les associations. Ils sont quotidiennement exposés aux opérations d’expulsion des forces de l’ordre.

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Chloé Juhel