Covid en Algérie : l’« immobilisme de l’État » dénoncé par les médecins

 Covid en Algérie : l’« immobilisme de l’État » dénoncé par les médecins

An Algérie, le système sanitaire menace de céder face à la nouvelle vague de covid 19 (illustration). ABED ZAGOUT / AGENCE ANADOLU / AFP

L’Algérie connaît depuis quelques semaines une reprise alarmante du nombre de contamination au covid-19. Comme dans la Tunisie voisine, le système sanitaire montre des signes criants de faiblesse. Pour Mohamed Yousfi, chef d’un service d’infectiologie à Boufarik près de Blida, les hôpitaux sont « saturés ». Le médecin dénonce même l’immobilisme de l’État face au non-respect des mesures de précaution.

Selon le Dr Yousfi, interrogé par l’AFP, les soignants faisant face à l’épidémie de covid en Algérie sont « sur les rotules ». Au CHU de Blida où il envoie les cas les plus graves qu’il traite, il faut attendre un décès pour avoir une place.

Si le président Abdelmadjid Tebboune assure que la situation épidémiologique est « sous contrôle », l’Algérie, pays le plus peuplé du Maghreb avec ses 44 millions d’habitants, s’approche de son record de cas quotidiens (1 133) de covid enregistré en novembre 2020. Face à l’abandon des gestes barrières, le Dr Yousfi renvoie dos à dos les citoyens et l’État. Les « gens s’en foutent, et l’État est absent », constate-t-il.

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Pour le Dr Yousfi, dès que le citoyen constate une amélioration, il oublie les gestes barrières. Or, l’État ne fait rien pour veiller à leur application. La situation impacte donc lourdement le système sanitaire, alors que le pire est peut-être encore à venir.

 

Hôpitaux débordés

D’ailleurs, les personnes atteintes de formes modérées du Covid-19 ne sont plus hospitalisées, mais renvoyées chez elles sous surveillance, faute de place. Par ailleurs, la vague actuelle touche de plus en plus de jeunes. Une population qui jusque-là se sentait à l’abri de l’épidémie, mais qui aujourd’hui en est le principal propagateur.

Les 120 lits de l’hôpital de Blida sont ainsi complets. De même que la vingtaine de lits ouverts dans une polyclinique. Lors de la vague précédente, « nous avions des décès dans les services de réanimation. Actuellement, nous avons des décès avant la réanimation », s’alarme le médecin.

 

Retard de vaccination

Il appelle les citoyens à aller se faire vacciner. Aujourd’hui moins de 10 % de la population algérienne a reçu une vaccination anti-covid. Le vaccin est « l’occasion unique de se protéger contre les formes graves et les décès », rappelle-t-il.

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Il demande par ailleurs aux pouvoirs publics d’accélérer l’acquisition de vaccins. Tant qu’il n’y aura pas « 30 à 40 millions de doses, nous resterons loin de l’immunité collective, la seule à même de nous permettre de contrôler l’épidémie », conclut-il.

 

Rached Cherif