Une jeunesse qui mérite qu’on s’occupe d’elle !

 Une jeunesse qui mérite qu’on s’occupe d’elle !

Près d’une jeune Maghrébin sur deux souhaite ou tente de quitter son pays. FETHI BELAID / AFP

L’ONU définit le ou la jeune comme une personne âgée de 15 à 24 ans. Sur la base de cette définition sont élaborées les statistiques liées à la démographie, l’éducation, la santé ou l’emploi dans les travaux et études des Nations unies. Aujourd’hui, ces jeunes représentent 1.2 milliard dans le monde, soit 16 % de la population globale, dont 87% vivent dans les pays en développement ou pauvres. Ils seront 1.3 milliard d’ici 2030. Dans tous les événements sociaux que connaît le monde, la jeunesse tient une place de plus en plus prépondérante : l’avenir de notre planète lui appartient… 

Dans le cadre du programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations unies, il est clairement souligné que son objectif ultime est que « personne ne soit laissé pour compte » et les jeunes y sont spécifiquement visés, au moins dans quatre domaines : l’éducation, l’emploi des jeunes, les jeunes filles et le sport au service de la paix en soulignant le fait qu’ils sont de véritables acteurs du changements.

Les pays ont-ils honoré ces engagements ? Rien n’est moins sûr. Il n’y a qu’à naviguer sur la toile internet, à regarder les images et les témoignages, à analyser les manifestations à travers le monde, pour comprendre qu’il reste beaucoup de chemin à parcourir avec des échelles différenciées entre les pays développés et ceux en voie de développement, et entre les riches et les pauvres au sein même des pays les plus riches. Cette jeunesse crie contre l’injustice et l’inégalité des chances, contre le racisme et la malédiction du faciès, pour l’accès à l’emploi digne et à la participation aux grandes décisions qui façonnent son avenir. Quatre attentes fondamentales et récurrentes animent les mouvements des jeunes :

1. Une éducation et un développement des capacités appropriées :

Beaucoup de jeunes ne bénéficient pas d’un enseignement de qualité les préparant valablement à la vie active. La situation est encore plus critique pour les jeunes filles. Surtout dans les régions rurales et les quartiers périphériques. S’ajoute à ce problème, l’abandon scolaire qui touche plusieurs millions d’élèves de moins de 12 ans. Ces derniers quittent l’école et se retrouvent du jour au lendemain sans formation ni perspective.

Tous ces jeunes deviennent des proies faciles des réseaux de la drogue, de la criminalité et de l’extrémisme en tout genres. De nombreuses études ont montré que  l’abandon scolaire détruit la croissance économique et le progrès social des pays concernés. Ce fléau conduit également à des phénomènes d’instabilité sociale et politique.

Les politiques sont interpellés pour prendre en main ces jeunes livrés à eux-mêmes. A travers des formations alternatives pour développer leurs compétences professionnelles. Il s’agit d’améliorer leur employabilité et de leur assurant des débouchés et des revenus.

D’un autre côté, il y a lieu de revoir les stratégies éducatives en recourant à l’alliance entre les réseaux sociaux, les technologies de l’information et le corps des enseignants. La période Covid-19 a permis l’expérimentation à grande échelle de telles approches.

>> Lire aussi : Prix « Jeunesse pour l’égalité » contre les discriminations

2. Engagement et participation en tant que citoyens à part entière :

De plus en plus de jeunes s’impliquent dans les ONG pour contribuer dans de multiples actions citoyennes. Ils ont un rôle central, et ils en sont conscients, à jouer dans les initiatives de changement social. En agissant ainsi, ils souhaitent façonner leur futur monde d’adultes.

Le fait d’être des acteurs du changement participe aussi à leur construction. Pour assumer leurs droits et leurs devoirs à l’égard de la collectivité. D’où la nécessité de multiplier les passerelles de dialogue entre eux et les décideurs politiques. Mais aussi leur implication dans les institutions législatives et exécutives.

3. Entrepreneuriat et innovation :

Il est admis aujourd’hui aux quatre coins de la planète que le salariat n’est pas la solution contre le chômage. Seul l’entrepreneuriat et la promotion de l’initiative privée sont à même d’apporter des réponses durables en la matière.

À ce titre, tous les pays qui ont mis en oeuvre des stratégies favorisant la création d’entreprises par les jeunes ont eu un retour bénéfique sur l’emploi et la création de richesses.

Ces stratégies visent à libérer les énergies créatives. Notamment dans le domaine de l’innovation qui concerne les secteurs-clés de l’avenir : digital, intelligence artificielle, économie verte, agriculture et agro-alimentaire, filières de santé, etc.

En choisissant ce chemin, ces pays renforcent les capacités d’inclusion sociale de ces jeunes en tant que producteurs de richesses.

4. Dialogue interculturel ouvert :

Les voix de la jeunesse s’élèvent pour un monde plus ouvert qui accepte les différences. Le dialogue interculturel est fondamental pour un échange d’égal à égal, responsable et respectueux de l’autre. Quelles que soient ses origines ethniques, culturelles, linguistiques et ses croyances.

Les médias, les réseaux sociaux, l’école, l’université et la société civile, au-delà des appareils d’Etats, ont un rôle crucial à jouer pour un dialogue interculturel apaisé, constructif et prospectif.

La jeunesse est un réservoir d’énergie potentielle pour le développement et le progrès économique et social. Mais pour se concrétiser, les jeunes doivent absolument bénéficier de politiques publiques équitables. Au regard de leur statut social et de leur position géographique et culturelle en termes d’accès à la connaissance, aux soins, à l’emploi, aux loisirs et à la culture.

>> Lire aussi : 

Malika El Kettani