Justice : Femmes au barreau

 Justice : Femmes au barreau

Crédit photo : François Bouchon/Le Figaro – Rachid Bennis


Parmi les ténors de la profession à Paris, l’avocate Samia Maktouf jouit d’une notoriété mondiale. Plus jeune, sa consœur Safya Akorri, s’est, elle, spécialisée dans les affaires pénales internationales. Portraits.


SAFYA AKORRI


 


Cette trentenaire avoue ne jamais partir en vacances ou en week-end “sans emporter au moins deux ou trois dossiers”. Hyper­active, Safya Akorri a monté son cabinet d’avocat d’affaires voici trois ans, avec comme spécialité les affaires pénales transfrontalières. Son dernier gros dossier : un fonds d’investissement britannique qui s’est fait délester de plusieurs millions de dollars, dont une partie aurait été blanchie en France.


 


Défendre les victimes rwandaises et maliennes


Parallèlement, cette Franco-Marocaine assure la formation des avocats commis d’office et traite des grandes affaires ­pénales internationales liées à des violations des droits de l’homme. “Il s’agit de dossiers qu’on veut voir devant des juridictions nationales. Par exemple, dernièrement, trois génocidaires rwandais ont été jugés en France, car retrouvés sur le territoire. J’ai été avocate dans ces procès, se félicite-t-elle. Il y a également les crimes commis dans le nord du Mali. Voici deux ans, je m’y suis rendue en mission d’enquête pour réunir les preuves et recueillir les témoignages des victimes afin de rédiger une plainte. Depuis, je suis l’avocate de diverses associations maliennes.”   D. L.


 


SAMIA MAKTOUF



“C’était ma destinée de faire ce métier.” La justice a toujours été une passion et une préoccupation pour cette Franco-Tunisienne née dans une modeste famille de Souss il y a une cinquantaine d’années. Sa vocation, elle la tient de son frère aîné, plaideur de son état. Après l’obtention de son bac en 1985, elle poursuit ses études de droit à Paris. Cinq ans après sa prestation de serment, elle ouvre son premier cabinet sur les Champs-Elysées en 1995.


Des personnalités médiatisées comme Leïla Ben Ali, l’épouse de l’ex-président tunisien ou encore l’homme d’affaires Ziad Takieddine ont toqué à son cabinet, mais les dossiers qui l’ont le plus marquée sont ceux de simples migrants. “J’ai défendu beaucoup de ceux qui sont arrivés via Lampedusa après les révolutions arabes”, rappelle-t-elle. Depuis qu’elle exerce, elle a été le témoin de nombreuses injustices qu’elle explique par des “institutions rigides et inadaptées à l’être humain”.


 


L’avocate de Lassana Bathily, héros de l’Hyper Cacher


Depuis quelques années, Samia Maktouf est devenue l’avocate de prédilection des victimes du terrorisme : Lassana Bathily, le héros de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, Latifa Ibn Ziaten, la mère de la première victime de Mohamed Merah et les proches de personnes décédées au Bataclan (près de 25 familles). “Je ne choisis pas. J’ai prêté serment pour défendre n’importe qui y compris les plus vomis.” Vraiment ? “Oui… sauf cas de conscience. J’ai refusé un terroriste et un pédophile. Je ne serais pas un bon avocat pour eux, mais je me battrais jusqu’à mon dernier souffle pour qu’ils puissent bénéficier d’une défense”, assure celle qui est, depuis 2014, conseil à la Cour pénale internationale de La Haye, et qui est à l’origine d’un dépôt de plainte contre les exactions commises par Daech à l’encontre des chrétiens d’Orient.   


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