Élections en Libye : ouverture à Paris d’une nouvelle conférence de paix

 Élections en Libye : ouverture à Paris d’une nouvelle conférence de paix

Libye – De gauche à droite : l’homme fort de l’Est libyen Khalifa Haftar, le président du Parlement basé à l’Est Aguila Saleh Issa et le chef du gouvernement d’unité nationale, reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, Fayez al-Sarraj. Etienne LAURENT / POOL / AFP / 29 mai 2018

Une conférence internationale sur la Libye s’ouvre ce vendredi à Paris. Son objectif : encourager le processus et permettre l’organisation d’élections présidentielles et législatives dans les prochaines semaines. Deux scrutins clés pour mettre fin à une décennie de chaos et de violences après la chute en 2011 du régime du colonel Kadhafi.

La France accueille une conférence internationale sur la Libye vendredi 12 novembre. Paris cherche à donner une ultime « impulsion » à l’élection présidentielle du 24 décembre, qui devrait être suivie un mois plus tard de législatives. La tenue de ces deux scrutins est, aux yeux d’Emmanuel Macron, « essentielle à la stabilité et à la réconciliation politique » en Libye, après des années de conflits armés et de divisions entre l’Est et l’Ouest. Mais, « des “spoilers” [qui veulent miner le processus, NDLR] sont en embuscade », avait estimé mardi l’Élysée. Ils « essaient de faire dérailler le processus », selon la diplomatie française.

La conférence se tient dans un contexte de tensions grandissantes au sein du pouvoir intérimaire à l’approche du scrutin présidentiel. Notamment entre le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah, qui dirige le gouvernement intérimaire, et Mohammed el-Menfi, le président du Conseil présidentiel (CP), mis en place en février dans le cadre d’un processus politique parrainé par l’ONU et comprenant trois membres représentant les trois régions de Libye.

Signe de ces tensions, le 6 novembre, la cheffe de la diplomatie libyenne a été suspendue de ses fonctions par le CP. Elle fait l’objet d’une enquête sur des décisions de politique extérieure qu’elle aurait prises sans le consulter. Étoile montante de la scène politique libyenne, Najla al-Mangoush a même été interdite de quitter le territoire pendant la durée de l’enquête. Une décision qui lui fait rater la conférence de Paris.

 

Les élections : enjeu clé de la conférence

Dans ce contexte de secousses politiques, l’un des objectifs de cette conférence est de « rendre le processus électoral incontestable et irréversible ». La France, l’Allemagne et l’Italie, pays organisateurs, veulent faire en sorte que les parties prenantes s’engagent à respecter résultat des élections.

« Le processus électoral repose sur deux principes de base. À savoir, premièrement, organiser le scrutin à la date convenue et dans un climat propice à des élections. Et deuxièmement, sur le respect et l’acceptation des résultats par les candidats », rappelle Hussein Moftah, rédacteur en chef adjoint du site Afrigatenews.

« Or c’est ce dernier point sensible qui représente le plus grand défi attendant les élections libyennes » poursuit-il au micro de France 24. La compétition s’annonce particulièrement ouverte. Même s’il n’est pas encore officiellement candidat, Seïf al-Islam Kadhafi, fils du défunt dictateur, pourrait par exemple créer la surprise.

 

L’improbable départ des mercenaires

Autre sujet de tension : la question des mercenaires. En raison de l’implication directe et indirecte de puissances extérieures, les Libyens peinent à faire respecter leur souveraineté. En décembre dernier, l’ONU faisait état de quelque 20 000 mercenaires et combattants étrangers présents en Libye. Ils sont principalement Russes, du groupe privé Wagner, Tchadiens, Soudanais et Syriens… Mais, aussi plusieurs centaines de militaires turcs présents en vertu d’un accord bilatéral conclu avec l’ancien Gouvernement d’union nationale.

L’exécutif français concède qu’en la matière, la partie reste « difficile ». La Turquie se montre peu pressée d’engager un retrait de ses forces. Le Kremlin dément quant à lui tout envoi de militaires ou mercenaires, ainsi que tout lien avec le groupe Wagner.

Pour obtenir des avancées, la diplomatie française mise sur la dimension internationale de la conférence de Paris. Des responsables de la plupart des pays impliqués dans la crise libyenne ou dans son règlement, dont la vice-présidente américaine Kamala Harris et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, seront présents, a indiqué l’Élysée.

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Pour la première fois, cette conférence accueille l’ensemble des pays du voisinage de la Libye. Sont notamment présents la Tunisie, le Niger et le Tchad. Ces trois pays frontaliers subissent tous le contrecoup économique et sécuritaire de la crise libyenne. Même l’Algérie, en pleine crise diplomatique avec la France, sera présente.

Rached Cherif