Énergie. Quel avenir pour l’éolien ?

Il semble que Leila Benali ait bien préparé son exposé avant de passer sous le gril des interrogations bien légitimes des députés. La ministre de la Transition énergétique et du Développement durable qui s’exprimait lundi (3 février) à la Chambre des représentants a donné des chiffres précis concernant la capacité de production totale des projets d’énergie éolienne atteignant 2.373 mégawatts (MW) à fin 2024.
Ainsi, selon l’experte, le plan pluriannuel établi par le ministère prévoit une production supplémentaire de 2,6 GW d’énergie éolienne entre 2023 et 2027, pour un investissement de plus de 36 milliards de dirhams.
On a appris aussi que les projets éoliens se distinguaient par leur capacité à promouvoir l’intégration industrielle et à générer des activités qui renforcent les compétences locales, en s’appuyant sur une main-d’œuvre locale basée sur l’acquisition d’équipements et de services issus du tissu industriel marocain, ce qui contribue à la création de la valeur ajoutée à l’économie locale.
La ministre a, en outre, souligné que l’énergie éolienne figure parmi les projets phares développés par le Royaume, mettant en avant son potentiel prometteur, particulièrement sur la côte atlantique et dans la région de Tanger, où les vents atteignent, dans certaines zones, des vitesses oscillant entre 7,5 et 11 mètres par seconde, en plus des potentialités offertes en mer.
Selon l’AIE (Agence Internationale de l’Énergie), le renouvelable a affiché en 2020 la plus haute courbe de croissance depuis 2 décennies à l’échelle mondiale, une croissance avant tout portée par l’éolien (avec 111 GW contre 58 GW en 2019).
>> A lire aussi : Défis énergétiques. L’Angola mise sur la Somagec
Pour comprendre quelle place tient et tiendra l’éolien au Maroc, il faut s’intéresser à la feuille de route du gouvernement en la matière. S’affranchir des énergies fossiles et du nucléaire est sans conteste un objectif principal. Mais quel rôle tient l’éolien dans ce programme ?
L’objectif en termes d’éolien au Maroc à l’horizon 2027 est plutôt ambitieux, que ce soit pour l’éolien terrestre ou l’éolien maritime ou offshore, et il faut néanmoins rappeler qu’en 2010, l’État avait lancé le Programme Marocain Intégré pour l’Énergie Éolienne, visant à porter la production d’électricité éolienne de 290 MW à 2 000 MW en 2020.
Dans le cadre de ce programme, cinq nouveaux sites à grand potentiel avaient été choisis pour construire des centrales éoliennes d’une puissance totale de 1 000 MW. Des programmes principalement financés par les banques et les fonds de développement européens et américains.
Le Maroc souhaite ainsi bénéficier de sa situation géographique stratégique et de la connexion électrique existante avec l’Espagne pour, à terme, revendre son surplus d’énergie et passer d’une position d’importateur d’énergie à celui d’exportateur.
L’éolien est effectivement considéré comme une énergie d’avenir. A l’heure de la transition énergétique et du mix énergétique, faire monter en puissance les parcs éoliens, c’est faire en sorte de favoriser leur appropriation par la société et par la même occasion, pallier les obstacles économiques, sociaux et environnementaux liés aux éoliennes.
C’est parce que l’énergie éolienne est au croisement des enjeux de lutte contre le réchauffement climatique mais qu’elle touche aussi à la transition énergétique que tout scénario qui aide à l’émergence d’une croissance durable est bon à prendre.