Benzema/Deschamps : épisode de la longue série de crispations avec les joueurs issus de l’immigration

 Benzema/Deschamps : épisode de la longue série de crispations avec les joueurs issus de l’immigration


La polémique provoquée par les accusations de Karim Benzema n’est que la dernière d’une longue série de crispations entre l’équipe de France et les joueurs issus de l’immigration et des banlieues. Dans un entretien pour un journal espagnol, l’attaquant du Real Madrid a accusé le sélectionneur Didier Deschamps d’avoir « cédé à la pression d'une partie raciste de la France ».


 


Les « origines nord-africaines » en cause ?


Les propos du joueur font suite à une attaque similaire de l’ancien international français Éric Cantona qui a estimé que les « origines nord-africaines » de Ben Arfa et Benzema étaient la cause de leur non-sélection. « Benzema est un grand joueur, Ben Arfa est un grand joueur. Mais Deschamps, il a un nom très français », a-t-il fait remarquer à l’annonce de la liste pour l’Euro 2016 qui se jouera sans eux. Benzema a été écarté de l'Euro-2016 par la fédération au nom de l'« exemplarité » après sa mise en examen dans l'affaire du chantage à la sextape contre Mathieu Valbuena, son ancien partenaire en équipe nationale.


Si l’équipe « black-blanc-beur » championne du monde en 1998 a été applaudie comme vitrine de la diversité française, il n’en est plus forcément de même depuis plusieurs années. Les épisodes marquant la rupture entre l’équipe de France et une partie des Français issus de l’immigration et des banlieues se sont multipliés depuis la Marseillaise sifflée et terrain envahi lors d’un France-Algérie en 2001.


 


D’Anelka à Nasri en passant par l’affaire des quotas


Anelka – natif de Trappes – a ainsi eu maille à partir avec les sélectionneurs qui se sont succédé entre 2002 et 2010. En 2008, il estimait qu’« un gars de banlieue qui roule en Ferrari, ça ne passe pas. C'est mal vu. La mentalité française est ainsi faite ».


En 2011, c’est le site Mediapart qui accuse dans une enquête la FFF d'avoir « approuvé, dans le plus grand secret début 2011, le principe de quotas discriminatoires officieux dans les centres de formation et les écoles de foot du pays ». Le sélectionneur Laurent Blanc répondra que ce projet « n'existe pas », mais finira par s'excuser après la diffusion d'un enregistrement de cette réunion, où on l'entend dire : « Qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les Blacks. Et c'est comme ça ».


La dernière crispation notable avant l’affaire Benzema a été la non-sélection de Samir Nasir pour le mondial 2014 au Brésil. Sa compagne avait exprimé sa colère par des insultes sur Twitter : « Nique la France !!!! Et nique Deschamps !!! Coach de merde !!! Oui, j'insulte bien une nation de racistes ». Nasri avouera plus tard dans L'Équipe avoir laissé faire : « Tu veux l'insulter, insulte-le, tu veux insulter l'équipe de France, insulte-la si tu veux, mais n'insulte pas le pays ».


Rached Cherif

Rached Cherif