2015 : explosion de l’islamophobie

 2015 : explosion de l’islamophobie

Illustration. Propos xénophobes et croix gammées taggés sur les murs extérieurs de la mosquée Bilal de Castres


 


Les chiffres dévoilés par l’Observatoire National de Lutte contre l’Islamophobie font froid dans le dos. Pour le premier semestre 2015 il y a eu 274 actes antimusulmans, soit 281% d’augmentation par rapport à 2014.


 


« Je suis très inquiet ». Les mots du président de l’Observatoire National de Lutte contre l’Islamophobie, Abdallah Zekri, collent bien à la réalité. Tout au long du premier semestre 2015, les actes islamophobes ont explosé. En 2014, sur la même période, 72 actes antimusulmans avaient été recensés par l’Observatoire contre 274 cette année,  soit 281% d’augmentation.


En tout 78 actions et 196 menaces ont été rapportées. « Cette implosion des actes antimusulmans ne peut s’expliquer qu’en raison des actes de terrorisme du mois de janvier 2015 en France et tout récemment lors des évènements qu’a connus la Tunisie » explique M. Zekri qui s’indigne des raccourcis, « ces attentats ne peuvent justifier ce sommet de haine ou de vengeance à l’égard des Français de confession musulmane qui ne sont ni responsables ni coupables des actes terroristes qui ont endeuillé le pays ».


Ces chiffres représentent la plus grosse augmentation constatée par l’Observatoire depuis sa création qui indique que « pour la première fois il a été enregistré des jets de grenade ou des tirs par armes à feu ». Pour le reste, ce sont les lieux de culte et les commerces appartenant à des Français de confession musulmane qui ont été pris pour cible.


 


« Une classe politique amorphe »


Au-delà des actes, Abdallah Zekri s’inquiète de l’absence de réaction de la classe politique « qui alimente par un discours cette montée de l’islamophobie en France». « Certains parlent de 5e colonne, d’autres de guerre de civilisations. Lors de notre rencontre au CFCM, M. Sarkozy s’en est pris aux propos de M. Valls. Je lui ai alors demandé pourquoi il ne les avait pas dénoncés et pourquoi il n’avait pas repris M. Estrosi (5e colonne) ».


Très remonté le président de l’Observatoire laisse du crédit au gouvernement « qui essaye de prendre des dispositions » mais attend des résultats concrets, « nous souhaitons des arrestations, des condamnations. Combien d’affaires résolues jusqu’à maintenant ? ».


Déterminé à lutter, Abdallah Zekri ne se fait pas beaucoup d’illusions à l’approche des élections régionales (décembre), « on va encore en arriver à "qui tape le plus sur le bougnoule" ».


Au vu de la récente surenchère autour des musulmans, ça ne serait pas surprenant.


Jonathan Ardines

Jonathan Ardines